Forum RPG médiéval-fantastique inspiré de la série Les Chevaliers d'Émeraude d'Anne Robillard |
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| Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] | |
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| Sujet: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Dim 8 Mar - 21:50 | |
| Taverne d’un village d’Émeraude.
Sibylle était entrée dans l’établissement en poussant la porte d’un air dédaigneux. La malpropreté de l’endroit se manifestait jusqu’à l’extérieur de la porte. Pourquoi diable les gens fréquentaient-ils ce genre d’endroit? Elle referma la porte bruyamment et tous les regards se tournèrent dans sa direction. De glace, elle continua son chemin jusqu’à une table inoccupée. Elle s’assied gracieusement et retira ses gants de cuir tout en exécutant une subtile moue de dégoût. Définitivement, elle détestait ce genre d’endroit. Il était tout aussi possible de vivre dans l’indécence dans un endroit propre avec des alcools beaucoup plus fins; ceux de son père, par exemple. D’un signe gracieux de la main, elle interpella le tavernier et commanda un verre du meilleur vin possible. Elle se doutait fortement qu’elle n’aurait pas de qualité, mais il fallait bien qu’elle fasse mine d’avoir quelque chose à faire dans cet endroit. Lorsque le tavernier lui apporta sa commande, elle le chassa en lui remettant deux pièces d’or. Elle devait à présent se concentrer et se mettre au travail. Un conseiller de la reine l’avait contactée pour un contrat. Un homme qui avait pour habitude de fréquenter cette taverne lui devait beaucoup d’argent et il ne semblait pas très empressé de payer ses dettes. Sous emprise de la panique, sûrement, il avait essayé d’attenter à la vie de ce dit conseiller. L’homme en question ne fut pas très difficile à repérer. Ivre mort, seulement en début d’après-midi, il négociait avec le propriétaire des lieux afin d’obtenir une autre bière sans avoir à payer. Le propriétaire semblait furieux, il gesticulait vivement et le rouge lui montait à la tête. Il fit un signe à un grand gaillard qui faisait office garde de la taverne. Sibylle sut alors qu’il était temps pour elle d’intervenir.
Elle se leva, revêtit ses gants et ajusta sa cape de velours sur ses épaules. Elle défit les plis de sa robe et s’avança vers le tavernier. Elle posa une main sur le bras de celui-ci et sorti une petite bourse d’or d’une des poches de sa cape. « Je suppose que ceci conviendra au montant qu’il vous doit, si ce n’est pas plus. » Le propriétaire de l’établissement écarquilla les yeux et balbutia quelques maigres mots de reconnaissance. Elle passa devant lui et s’approcha du garde qui détenait toujours l’ivrogne. Il n’était pas question qu’une autre personne exécute son travail pour elle. « Je m’occuperai de lui, mon brave. » Le gorille émit un rire sonore et la regarda d’un air dédaigneux. Il était facile de savoir ce qu’il pensait. Il était évident que la demi-fée était noble et qu’elle n’était aucunement en mesure de s’occuper d’un homme qui pouvait être dangereux. De plus, son air dédaigneux trahissait son dégoût de recevoir des ordres par la noblesse, et encore moins par une femme. D’un geste brusque, il écarta Sibylle en lui marmonna de laisser son joli corps noble en dehors de cette histoire. Faisant mine d’avoir compris le message, elle se dessina un visage offensé par la brusquerie dont elle avait été victime et recula contre le mur, attendant que les deux hommes sortent de l’établissement. Silencieusement, elle les suivit et vit qu’ils se dirigeaient vers l’arrière du bâtiment.
Le garde jeta l’ivrogne par terre et celui-ci se releva rapidement. Sibylle remarqua tout de suite qu’il n’était pas réellement ivre, mais qu’il avait fait semblant tout le long. Dans quel but, elle ne le savait point, mais sa tâche venait de se compliquer. Tuer un adversaire imbibé d’alcool était facile, mais lorsqu’il était alerte, cela devenait difficile. Décidément, ce contrat prenait une tournure intéressante. Toujours tapis dans l’ombre, elle regarda l’homme défier le gorille au combat. Le garde était lent alors que son adversaire était plus rapide, mais il exécutait toujours les mêmes feintes. Deux hommes faciles à abattre finalement. Pendant que les deux hommes essayaient de s’étourdir mutuellement, Sibylle dégaina un poignard accroché à sa cheville et s’approcha lentement du duel. Lorsque le gaillard passa devant elle, elle se propulsa à l’aide du mur, exécuta un saut et logea son arme dans le cou du géant. Se retournant rapidement, elle dégaina deux autres poignards qui étaient fixés sous un pan de tissu près de son dos. L’homme se remit difficilement de son ébahissement et éclata de rire. Sibylle roula des yeux. Les hommes étaient si misogynes et cela était souvent leur faiblesse. Comme si les femmes n’étaient pas capables de manier les armes aussi bien que les mâles. Elle s’approcha de l’homme en faisant tourner ses dagues dans ses mains. Sa victime reprit alors ses esprits voyant qu’elle ne plaisantait pas. « Tu es folle, femme de vouloir affronter un homme. Tu devrais plutôt laisser tomber les armes et satisfaire mon désir. » La demi-fée sentit alors la colère monter en elle. Après toutes les années passées sur ce continent les remarques machismes des hommes la mettaient toujours dans une colère noire. Utilisant son pouvoir d’illusion, elle donna l’impression à son ennemi qu’il ne pouvait plus rien voir. Celui-ci commença aussitôt à paniquer. L’assassin s’approcha lentement et lui donna un coup de poing dans le ventre pour qu’il se replie. Elle l’agrippa par les cheveux et entailla sa jugulaire pour qu’elle se vide lentement. Elle le poussa sur le sol et le tint en place en posa son pied sur sa poitrine. « Et maintenant, meurs. » Combien de temps s’écoula pendant qu’il se vidait de son sang, elle ne le sut.
Lorsqu’il eut rendu l’âme, Sibylle retira son pied et sortit un mouchoir d’une poche de sa cape. Elle nettoya sa lame et alla chercher l’autre qui était toujours fichée dans le cou de sa première victime. Comme elle allait partir, elle remarqua qu’un homme la dévisageait. Normalement, elle prenait toujours ses précautions afin de ne pas être aperçue pendant qu’elle commettait ses meurtres. Replaçant sa cape sur ses épaules et remontant son capuchon sur sa tête, elle fit un clin d’œil au témoin et se glissa dans l’ombre. Elle connaissait le royaume d’Émeraude par cœur, avec toutes ses cachettes, il ne pourrait pas la suivre. Avait-elle fait une erreur en le laissant vivre? Elle espérait que non…
Les Jardins du château d’Émeraude
Assise sur un banc de pierre parmi un jardin magnifique garni des plus belles fleurs du pays, Sibylle attendait l’envoyé du conseiller de la reine qui l’avait engagée. Vêtue d’une robe de soie verte, elle portait un énorme collier serti d’une émeraude. Des gants en dentelle noire décoraient ses mains, dont la droite tenait un éventail rose pâle. Un homme vint s’asseoir près d’elle. « Les fleurs sont très jolies à cette période de l’année » dit-il. Il s’agissait bien sûr de la phrase codée à laquelle elle devait répondre pour que l’affaire soit conclue. « Vous avez raison, j’aime particulièrement la couleur des pavots. » Elle mit la main derrière son dos et l’homme lui glissa une bourse remplie d’or. Cette dernière disparut aussitôt dans une poche cachée de sa robe. « Vous avez les compliments de mon maître, Milady. Au plaisir de contracter avec vous de nouveau. » Il se leva, baisa la main de Sibylle et partit en jetant des regards suspicieux de tous les côtés.
Satisfaite du travail accompli et surtout de la récompense qu’elle en obtenait, elle se mit à rêvasser aux nombreuses robes dont elle pourrait faire acquisition avec cet argent. Puis, fatiguée de sa position assise, elle décida de se balader dans le jardin afin d’admirer les merveilles colorées qui bordaient la voie de pierre. Le soleil éclairait sa peau pâle et colorait légèrement ses joues. Elle souriait à toutes les personnes qui croisaient son chemin, heureuse de la vie qu’elle menait. Quand soudainement, elle le vit. L’homme qui avait été témoin de son crime.
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Lun 9 Mar - 16:18 | |
| Maëdja Tel fut son souhait: on l'enferma dans une prison de terre cuite et d'os d'éléphants, seul, sans vivre et sans repère. Les disciples de Maëdja terminèrent la construction de ce sanctuaire de mort en bouchant la porte de façon à ce qu'elle devienne aussi solide que le reste des parois et qu'ainsi aucun point faible ne soit décelable sur le bâtiment. Ils n'avaient pas remis en doute son autorité depuis la démonstration de ses pouvoirs; le chamane lui-même en avait souffert une terrible fin et depuis, le reste des hommes craignaient son élève peut-être davantage qu'ils avaient craint leur chef-même, puisqu'ils le savaient le plus puissant de l'humble tribu. Personne ne questionna réellement ses intentions, mais plusieurs associèrent cette demande à une folie qui s'était entrelacée de sa raison depuis la démonstration divine. Cet événement avait créé un profond malaise au sein de la communauté et en enfermant celui qui avait causé tant d'émois, les guerriers du désert croyaient peut-être qu'il emporterait la colère des dieux avec lui. Ce fut donc à l'unanimité que la décision fut prise et au lendemain de la mort du chamane, on enferma Masa dans ce qui semblait être son tombeau. Les activités normales de la tribu reprirent ainsi leur cours et on proclama roi le doyen des des combattants.
À l'intérieur du caveau, Mä était assis siège de pierre et ses bras avaient été attachés par de la vigne grimpante que l'on pouvait trouver dans les différents sous-terrains de Maëdja. L'obscurité totale avait engloutie les songes du condamné, lui qui avait déjà vaincu le silence depuis l'instant où il avait décidé de rester avec ses confrères. La sueur coula d'abord sur son visage, ce qui ne pouvait être qu'un signe d'angoisse face à la situation dans laquelle il s'était mis. Son temps était bel et bien compté : on ne trouverait jamais son cadavre, à l'abri du soleil sous des étages de pierres fragmentées. Il ne ferma jamais ses yeux, comme pour essayer d'entrevoir une lumière qui ne lui était pas accessible. Au bout de sa douleur il finit par s'endormir, et ce qui le gagnait était très loin de lui procurer quelque joie.
La situation dura quatre jours au bout desquels Mä avait sombré dans une transe profonde, déshydraté, isolé. Si une lumière avait pu traverser la pièce, on aurait pu voir les formes de ses cotes tellement le frêle nomade était maigre. La sueur coulait toujours à flot sur son visage et il commençait à tomber malade... mais il sentait sa conscience voyager lorsque le sommeil le gagnait, et au réveil, un mal de tête. Il sentait une présence lointaine, si lointaine qu'il lui était impossible de concevoir ce qu'elle pouvait être, ni pourquoi un lien semblait s'être tissé entre les deux entités. Le nomade savait simplement qu'il ne lui restait que ça, que cette relation indéterminée qu'il entretenait jour après jour, faute de pouvoir s'appuyer sur autre chose. À différents instants, la présence dégageait une puissance telle qu'elle faisait trembler celui qui avait assassiné le chamane : ils furent les seuls moments où Maün Za entrevoyait une sorte de lumière, qu'il ne percevait pas de ses yeux, seulement de son esprit ou enfin c'est ce qu'il croyait. Plus le temps avançait et plus il concevait son autre comme une âme à une distance infinie, et à ce quatrième jour, sans trop savoir comment ni pourquoi, il comprit la position de cette présence dans l'espace. Il comprit que cette distance qui les séparait était bien réelle, qu'elle était presque inconcevable tellement elle se perdait dans l'immensité de l'univers.
Alors que ses forces le quittaient, une pulsion soudaine s'empara de son corps, comme si ses organes voulaient s'arracher à son corps et que sa cage thoracique était temporairement devenue la prison qui les retenait. Ses yeux et sa bouche s'ouvrirent et Masa n'avait plus possession de sa propre enveloppe : une lueur blanche, subtile, émanait de son visage et montait lentement vers le ciel. Il crut un instant voir son âme disparaître, dans le peu de lucidité qui lui restait. Cette lueur s'échappa par une fissure qui se trouvait désormais au plafond et la terre se mit à trembler légèrement. Les cotes du Za saignaient maintenant, on pouvait même entrevoir ses os tellement la rupture avait été puissante. Cette violence fut suivit rapidement d'un silence qui aurait pu inquiéter le guerrier si ce dernier n'avait pas été plongé en transe immersive dans les dernières trente secondes.
La scène qui suivit dépassa largement l'intensité du duel opposant Masa au défunt chamane : la poussière de pierre infiltrait lentement la salle, de nouvelles fissures apparaissaient et montraient une intense lumière. Les pierres qui composaient les différents murs du sanctuaire et de ce qui l'entouraient tombaient peu à peu, puis dans un crescendo de puissance un immense rayon de lumière pesa lourdement sur l'enfermé lui-même, brûlant sur-le-champ les liens qui le tenaient sur le trône de mort. Son regard était vide et son corps était à cet instant presque un cadavre. Ses vêtements avaient aussi été brûlés par la secousse. Rapidement quelques uns des combattants de Maëdja entrèrent dans la salle et une peur accablante traçait les traits de leurs visages, leurs procurant le même air que celui qui trônait devant eux. On fit amener une robe rouge composée de plusieurs couches de tissus d'une qualité incontestable, et si personne ne déposa de couronne sur sa tête, il savait très bien que son règne venait de naître en lui; le prince secret naquit. - Masa venait de s'installer à l'auberge pour la nuit après avoir discuté pour la première fois avec la reine et la magicienne. Une discussion mouvementée qui s'était plus ou moins terminé par le départ hâtif d'Ilena qui semblait préoccupée par son devoir, ce qui était tout à son honneur. Le nomade aurait aimé avoir une confirmation quant à son embauche au sein des troupes d'Émeraude, d'autant plus qu'aux dires des dirigeantes, l'Ordre allait renaître. Or Maünh n'avait rien d'un paladin, mais il savait diriger les troupes et se comportait en véritable chef lorsqu'une telle responsabilité lui était confié. En outre il avait déjà planifié d'aller la rencontrer de nouveau pour une démonstration de ce qu'il pouvait faire. Le guerrier ne voulait surtout pas perdre la chance de joindre les rangs de la magicienne et de pouvoir mieux comprendre son lien avec le soleil. Jusqu'où pouvait s'étendre sa puissance? Comment pouvait-il parfaire ce qu'il avait déjà construit? L'entreprise de Mä était ambitieuse, mais il se savait à la hauteur de ses attentes. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il découvre l'étendue de ses capacités et qu'enfin il puisse démontrer sa puissance à ses semblables.
Il enfila sa robe d'apparat aux diverses nuances de rougeâtres, un pantalon gris moulant les muscles de ses jambes ainsi que des bottes aux bouts pointus, faites de cuir habilement travaillé. Il avait pris son bain plus tôt – sa chambre en était une de privilégié- et avait pris soin de traiter les imperfections de son visage afin qui sa peau retrouve cette sensation soyeuse. Une fois préparé, il partit à la chasse : le vin, les femmes et la musique l'attendaient. Le nomade fit son entrée dans un gîte où se trouvait un puits de lumière, où quelques musiciens s'adonnaient aux plaisirs de l'organisation sonore. Sans parole, il regarda celui qui semblait guider les autres et ce dernier lui pointa des yeux un djembé qui n'était pas utilisé. Mä se fit donc un plaisir de joindre le cercle de gitans dans une transe musicale qui ne dura pas moins de vingt minutes. À la fin de leurs cascades acoustiques, une foule s'était amoncelée autour d'eux et les applaudissements retentirent dans tout le bâtiment. On offrit tout de suite à Masa un verre d'un excellent vin rouge et dans une discussion entrecoupée de musique, ils apprirent à le connaître un peu, lui qui n'avait pas de difficulté à échanger avec les gens de sang chaud.
Ils fumèrent ensemble, burent ensemble et soudain Masa réalisa qu'il se faisait tard, que la nuit tombait lentement et qu'il tenait à rencontrer un propriétaire d'écurie pour sa monture avant que celui-ci ne quitte la place du marché. Après tout, il préférait savoir son ami à sabots au village plutôt que chez les bourgeois, même s'il finirait peut-être par en devenir un lui-même. Ces pensées l'amenèrent à quitter l'assemblée et en tirant sa révérence il alla cueillir le regard des belles qui s'étaient attroupées près de la bande de joyeux musiciens. Son exotisme était un excellent atout dans les jeux de charme qu'il conduisait.
Perdu dans ses pensées, ses pas avaient choisis les détours les moins recommandables du quartier : il croisa d'abord quelques prostitués qui s'adonnaient à leur métier dans une ruelle, faute de pouvoir se permettre un espace dans un bordel. Il vit également s'échanger quelques substances, quelques armes, mais son regard ne s'était jamais fixé sur un commerce, après tout, il respectait le marché noir et savait qu'un seul regard pouvait être coûteux dans ces domaines. Il n'échappa cependant pas à cette éventualité lorsqu'il croisa l'allée des tavernes, elle qui joignait les portes arrières de plusieurs bars. Masa ne put s'éclipser à temps et décida simplement de se faire spectateur du crime : une ravissante jeune dame de la caste des bienheureux s'adonna à un jeu de lame plutôt impressionnant; elle décima son adversaire et celui qui s'était mis sur son chemin avec une facilité propre aux gens du métier. Mä ne put alors la catégoriser, puisque ses agissements trahissaient la qualité de ses vêtements. Lorsqu'elle termina l'entretient de son équipement, l'assassin regarda le métèque instant : elle ne fit aucun mouvement violent en sa direction, bien au contraire, elle lui envoya un clin d'oeil séduisant en guise d'au revoir.
Il ne sut si c'était la boisson, le charme de la demoiselle ou simplement l'envie de se plonger dans l'aventure, mais Masa décida de la poursuivre; il voulait en connaître davantage sur cette personne, après tout, c'était la première fois que l'homme voyait pareille violence à Émeraude, cette « capitale » que tous semblait considérer comme un havre de paix. Le pas léger, rapide et furtif, il s'engagea au creux des ruelles afin de ne pas être semé par la meurtrière. Cependant il devait faire attention, cette dernière pourrait très bien décider de se retourner et d'achever le travail sans risque. Ses années à traquer les fourbes marchants lui avaient permis de développer des techniques assez efficaces lorsqu'il chassait une proie. Or cette fois la cible était rapide et furtive, ce qui ne facilitait pas sa tâche. Enfin, épuisé, il retrouva finalement sa trace : elle se dirigeait vers les jardins du château.
Le guerrier du sud vit d'abord la demoiselle compléter une transaction avec un homme qu'il avait croisé la veille au palais : il faisait partie de la cours, mais Masa n'avait put retenir son rôle auprès de la reine. Un sourire se traça sur son visage : toute hiérarchie était donc pourrie de l'intérieur. Enfin, cela n'allait pas le choquer après tout. Il alluma sa pipe à l'aide d'une torche et lorsque le foyer de cette dernière flamboyait, il s'adossa à un mur décoré par la vigne. Ses yeux s’enivraient des traits prononcés du visage de l'assassin : elle semblait trouver un certain confort dans la position qu'elle occupait parmi les nobles. Enfin, l'intrigue plaisait toujours au voyageur étranger. Il tira une fois de plus dans sa pipe et balaya du regard les environs avant de plonger dans celui de celle qu'il avait suivi jusqu'ici : elle venait de l'apercevoir et Maünh vit bien qu'elle savait qu'il était le témoin de son crime. Un rire mesquin s'échappa de sa bouche avec un filet de fumée très subtile : « Vous qui venez de la bonne société, qui baignez dans la richesse, vous vous plaisez à enlever la vie à des bougres qui ne savent pas quoi faire de cette vie de toute façon? Vos prouesses ne sont pas à discuter, mais quel en est l'utilité si c'est pour que tombent dans l'oubli ceux qui sont déjà oubliés? » Il s'approcha lentement, toujours en la fixant . « Masa, voyageur du sud. » Il lécha subtilement sa lèvre inférieure avant de progresser : sa naginata était prête à être dégainée si celle qui se trouvait devant lui désirait danser la dernière danse. « Il vous faudra acheter mon silence... Vous n'auriez pas un peu d'vin? » |
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Mer 11 Mar - 20:54 | |
| Sibylle masqua son ébahissement de justesse. Utilisant son éventail, outil de la séduction et du mystère féminin, elle cacha à demi son visage, ne laissant paraître que ses yeux. Ainsi donc, il avait réussi à la suivre. Décidemment, cet homme lui réservait plusieurs surprises. Elle connaissait les rues et les quartiers d’Émeraude comme personne et elle était persuadée qu’elle avait réussi à le semer dans l’ombre. Mais, il fallait se rendre à l’évidence. Cet homme possédait plus de ressources qu’il ne le laissait paraître. S’approchant lentement de son visiteur surprise, elle s’éventa lentement le visage tout en le dévisageant. Son teint foncé trahissait sa provenance; le Désert. Cela détonnait avec la peau très pâle de la demi-fée. Le regard de Sibylle trahissait son amusement. Elle ne savait pas qu’elle attitude adopter, c’était la première fois qu’on réussissait à la retrouver. D’autant plus que c’était la première fois qu’elle laissait vivre un témoin. Elle l’avait trouvé intrigant, c’est pour cette raison qu’il respirait encore. Sa main droite tenait son éventail, dans lequel se trouvait une petite lame, et sa main gauche glissa lentement derrière son dos. Sous un pan de sa robe, étaient dissimulées ses deux lames préférées. L’assassin n’était pas en désavantage en ce lieu, puisqu’elle le connaissait. L’inquiétude ne l’envahissait pas encore, elle ressentait plutôt le désir d’en apprendre plus sur ce nomade du Désert. Il n’était pas désagréable à regarder et il dégageait un profond mystère qui, elle devait l’avouer, l’attirait.
Puis il émit un rire avant de prendre la parole. Bien sûr, elle s’attendait à une espère de remontrance. Elle y était habituée. Elle tuait parce qu’elle aimait cela, que la victime soit noble ou pauvre, belle ou hideuse, masculine ou féminine. Elle en retirait du plaisir, de la satisfaction et surtout de l’argent. « Je n’ai pas l’habitude de me justifier, monsieur et je ne commencerai certainement pas pour vous. » Cependant, l’envie lui pris de lui répondre, de continuer cette tirade qu’il venait de commencer. Elle voulait faire taire ce curieux par l’esprit et non par la lame. Il fallait le dire, cela était une première. « Est-ce mal, selon vous monsieur, d’éradiquer de la terre ceux qui n’y apportent absolument rien? N’est-ce pas un service rendu au continent et à l’espèce humaine que de détruire un parasite? Lorsqu’un insecte vous dérange, vous l’abattez. Il s’agit du même principe pour cette vermine. » Elle abaissa son éventail, le rangea dans l’une des poches cachées de sa robe. Sa main gauche se reposait toujours derrière son dos, caressant toujours le manche de sa dague. « Quant à l’oubli, monsieur, il s’agit d’une notion qui ne me touche guère. Je ne fais qu’exécuter les ordres qu’il me satisfait d’exécuter. Cela m’a plu d’envoyer cet homme dans l’oubli, comme vous dites. J’espère que vous vous êtes délecté du spectacle. » Elle allait se retourner quand elle se rendit compte qu’il n’avait pas l’intention de terminer la conversation sur cette palabre. Il s’approcha d’elle, la fixant. Son regard pénétrant la dérangeait. Jamais, elle n’avait ressenti cette étrange sensation qui s’installait au creux de son ventre. Cet homme réussissait à la mettre mal à l’aise, alors que personne n’avait réussi cet exploit auparavant.
Ainsi donc, il se prénommait Masa. Quelque peu ordinaire comme prénom, il fallait le dire. Elle le vit se lécher la lèvre et sourit intérieurement : elle n’était pas la seule qui savait jouer au jeu de la déduction. Et bien, si c’était cela qu’il désirait, il allait être servi. Après qu’il se fut présenté, elle lui tendit la main pour qu’il y dépose un baiser, tel que l’exigeaient les convenances. Mais peut-être que ce rustre ne les connaissait point. « Milady de Baüdwin, noble. Du moins, c'est ce qu'on dit. » Sibylle retira ensuite sa main de celle de Masa et la déposa juste au-dessus de sa poitrine, déjà bellement mise en valeur par son corset. Le jaugeant du regard, elle ignorait quelle décision prendre. Continuer ce petit jeu qui l’amusait ou bien se débarrasser du témoin. Le plus logique était certainement la deuxième option. Toutefois, l’assassin adorait jouer avec le feu. Pour ajouter à son raisonnement, il dégageait une odeur de vin, ce qui jetait les dés en sa faveur si cette petite plaisanterie venait à mal tourner. L’homme reprit la parole, l’informant que son silence devrait être acheté… par du vin. Évidemment. « Malheureusement, monsieur, vous remarquerez que je n’ai nul espace pour dissimuler une amphore de vin. Vous comprendrez qu’il nous faudra trouver un autre moyen pour vous accommoder. » En disant cela, elle s’approcha de lui en plongeant son regard dans le sien. Lorsque leur corps se touchèrent presque, elle laissa son doigt se balader sur la poitrine, musclée à son grand étonnement, de son interlocuteur. Il lui fallait lever la tête à présent pour continuer à soutenir son regard, puisqu’il la surpassait en grandeur. « Peut-être auriez-vous un meilleur arrangement à proposer? » Gardant sa main gauche sur la garde de son poignard la gênait beaucoup, mais comme elle n’était pas en mesure de deviner les intentions et les capacités de cet inconnu, elle ne pouvait se permettre d’abaisser sa vigilance. Elle luttait contre tous les signaux que lui envoyait son corps. Ses joues menaçaient de rougir à tout instant, non pas de gêne, mais de pulsion. Puis, elle flancha. Elle ne pouvait se permettre de céder à ses pulsions, toute sa crédibilité était en jeu, même s’ils n’étaient que deux dans les jardins déserts du château d’Émeraude. Seules la lune et les étoiles les observaient. Mais elle avait une réputation à maintenir.
L’assassin dégaina son poignard de l’étui dissimulé sous le pan de sa robe et le logea sur la gorge de l’homme. Elle avança vers lui, le forçant à reculer contre la haie de cèdre la plus proche. « Je pense que le prix de votre vie sera suffisant pour votre silence, ne croyez-vous pas? Pour ma part, je me contenterai bien de votre cadavre si la proposition ne vous sied point. » Elle appuya la lame un peu plus fort sur la gorge de son adversaire afin de montrer qu’elle ne plaisantait pas. « J’attends votre réponse rapidement, la patience est loin d’être une vertu que je possède. » Elle esquissa un sourire en coin. « Il me faut avouer qu’il est possible que je sois attendue pour d’autres engagements, je vous prierais donc de vous presser, monsieur. » Allait-il enfin répondre qu'il ne dirait rien?
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Jeu 12 Mar - 4:31 | |
| En s'approchant solennellement, Maünh fut en mesure d'apprécier les charmes de la veuve noire. menue, délicate aux traits aussi fins que ses lames qu'elle semblait savoir faire danser. Évidemment, il n'avança pas vers l'assassin sans avoir les informations nécessaires à sa propre survie : il l'avait eut la chance de la voir à l’œuvre et ainsi de comprendre un peu mieux comment elle abordait une tentative de meurtre. De façon plus importante, il l'avait vu dégainer et ranger ses lames, ce qui n'avait rien d'un détail avec les gens de cette caste – non pas des nobles mais des meurtriers. Sa vigilance était cependant intermittente, lui qui au passage avait consommé une généreuse quantité de vin rouge, ce qui voulait dire que le nomade ne pouvait pas vraiment se faire confiance avec ce genre d'information précise et fatidique. Si son instinct lui conviait de se concentrer sur les dangers potentiels qui l'entouraient, ses pulsions elles ne pouvaient trop le faire se détacher du regard déchirant de la demoiselle et de ses lèvres invitantes. Après tout, ce n'était pas la première fois que Mä était confronté à ce genre de personne: le Désert l'avait préparé aux rapaces les plus terribles. Toutefois, pendant bon nombre d'années il fut capitaine de navire et cette fonction ne l'avait guère aidé à préserver ses capacités de combattant, mais surtout ses réflexes qui s'étaient un peu perdus dans les nombreux verres de rhum qu'il avait apprécié en compagnie de son équipage. Rien de dramatique et d’irréparable, mais le guerrier du Sud n'était pas au sommet de sa forme au moment de rencontrer cette femme fatale.
Masa s'en doutait fortement, mais l'attitude de la demoiselle lui confirma ses croyances : ce n'était pas la première fois qu'elle commettait un tel crime... pour le plaisir. Flâner dans les jardins du palais à une telle heure dans ces accoutrements était possible seulement pour quelqu'un ayant les moyens et bien que le métier était probablement très payant, atteindre une place confortable dans l'aristocratie était impossible pour une criminelle et criminelle seulement. Sa réaction lui rappela celle d'Ilena : décidément les gens d'Émeraude ne savaient pas rigoler. Le métèque devrait peut-être apprendre à en faire autant. Si de tout ce qui se présentait devant lui à ce moment Maünh devait retenir une seule information, c'était l'insensibilité de la dame face aux crimes terribles qu'elle commettait. Chasser l'être humain comme on chasse la vermine? Le nomade en fut presque triste pour elle : « Et vous allez me faire croire que vous connaissiez réellement cet homme? Au point de le qualifier de parasite ou de vermine? Il semble aisé pour vous de commettre ces sauts d'esprit, même si la vie de quelqu'un en dépend. » Le métèque n'était pas réellement intéressé à défendre la victime de son interlocutrice, il désirait surtout en apprendre davantage sur elle et déjà par sa rétorque il sentait une fierté s'affirmer, une fierté qui lui était familière car il la partageait certainement. Or il savait très bien comment profiter de la pire des faiblesses humaines, surtout chez ces gens-là : leur orgueil était souvent la voie la plus facile pour les faire détourner de la raison. À ces pensées il ne put que continuer à afficher un sourire joueur.
Alors l'assassin aussi ne révélait pas ses origines complètement; le choix d'utiliser un surnom était également devenu évident pour Maünh Za, lui qui comme le sable en plein désert ne laissait aucune trace. Il remarqua également qu'avant de se présenter, Milady lui avait présenté sa main, cependant Mä ne s'inclinait pas. Il ne s'inclinait plus. Alors, bien qu'elle lui opposa une légère résistance, le guerrier ne fit que surélever sa douce main à l'aide de son index et de son majeur, jusqu'à sa bouche. Sous ces conditions il y déposa un bref baiser sans la quitter du regard, autant pour la déstabiliser que pour profiter de la vue qu'elle lui offrait. Si la deviner était tâche ardue, l'ex-capitaine en avait vu d'autres : des années complètes à travers le Désert en quête d'objets rares l'avaient mené à rencontrer d'horribles gens qu'il se devait de comprendre avant de pouvoir établir une transaction. Un contact de piètre qualité pouvait mener sa tribu à l'extinction, malgré la médiocrité des assaillants. Il voyait quelque peu ce qu'il causait, telle la flèche perdue; le désir n'était pas que pour lui le moteur des gestes les plus puissants.
Masa vut quelque peu déçu de la réponse de mademoiselle Baüdwin : bien qu'il se doutait de la disponibilité de la ressource, il aurait bien aimé pouvoir plonger dans un autre verre de ce liquide sacré. Sa déception fut de courte durée puisqu'en un seul petit mouvement, Milady provoqua une résistance chez Maünh, le poussant à rester vigilant à chacun de ses pas. Rapidement il évaluait ce qui se produisait puisque, évidemment, il ne pouvait pas lui faire confiance malgré ce qu'elle pouvait bien dégager à cet instant. « Laissez-moi y penser... Vous pourriez peut-être m'indiquer un endroit en ville où... » Son discours fut interrompu promptement. Il observa du coin de l’œil un passant qui s'approchait lentement d'où ils se trouvaient et lorsque son attention revint à la demoiselle, ce qu'il craignait se produisit : en un mouvement ininterrompu elle dégaina son arme et les réflexes rouillés de Masa le condamnèrent à s'avouer vaincu dès lors. Il ne pouvait pas espérer compléter le mouvement plus rapidement qu'elle avec un retard si important, alors il décida d'opter pour une autre stratégie plus applicable. Le nomade ne mit même pas la main sur son épée courte, question de ne alerter celle qui s'imposait désormais comme une ennemie. Il préférait profiter de ce que les circonstances venaient de lui offrir et qui avaient peut-être, avec de la chance, échappées à sa rivale. Elle lui parla un peu mais en vérité Mä savait très bien ce qui composerait son discours, il n'avait alors qu'à prolonger son silence quelque peu afin que les choses se mettent en place. Après l'avertissement de Milady, l'homme du Désert savait très bien qu'il ne disposait plus que de quelques secondes ou enfin, c'est ce qu'elle voulait bien lui faire croire. C'est alors qu'une voix brisa ce moment : « Que se passe-t-il ici? » Un homme aux habits élégants ne se trouvait qu'à quelques pas des danseurs; c'est ce qu'avait attendu Masa en cet instant crucial. Il pouvait maintenant procéder : une opération risquée mais il avait confiance en celle qui était devenue, après cette intervention de l'inconnu, sa partenaire temporaire. Lentement, et surtout visiblement pour Milady, le métèque leva sa main droite et la déposa doucement sur la joue de la dame. Sa peau douce eut pour effet de le déconcentrer momentanément, mais il reprit rapidement ses esprits et à l'aide de son autre main il fit tourner leurs deux corps de façon à ce que l'angle de vue du curieux soit obstrué par le large dos du guerrier afin de dissimuler la lame qui se trouvait toujours près de sa jugulaire. Un sourire malin et surtout révélé pendait à ses lèvres; il n'avait toujours pas le dessus sur la situation mais il pouvait tout de même s'amuser un instant. Mä ne profita même pas de cet instant pour compromettre celle qu'il venait de rencontrer, non, ce serait déjà lui montrer qu'il craignait l'emprise qu'elle avait sur lui. « Rien qui ne vous concerne mon cher ami. Simplement ce qui fait l'objet d'un désir commun. » Pudique, gêné, l'homme rebroussa chemin sans jamais se douter de ce qui se tramait réellement. Ce théâtre inquiétant n'avait désormais plus de spectateur et pouvait donc s'estomper au diapason avec les doutes de l'aristocrate curieux.
« Je comprends maintenant pourquoi vous ne convoitez guère la patience : le temps semble joué contre vous, ou serait-ce l'oeuvre de ma singulière présence? Enfin, je crois qu'il serait imprudent de me tuer maintenant, vous pourriez alerter le voisinage inutilement. Je vous propose de me laisser en vie pour l'instant, vous me tuerez lorsque vous aurez levé le voile sur mon mystère, et ne faites pas semblant que cette intrigue ne vous est point intéressante. » D'un mouvement décisif Masa retira sa main gauche de la hanche de Milady puis très délicatement il en fit de même avec sa main droite, en prenant bien soin de frôler le visage de la dame de par son revers. Le prince pouvait bien profiter un peu de la situation.
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Jeu 12 Mar - 20:09 | |
| Les battements du cœur de Sibylle accélérèrent lorsque les lèvres de Masa effleurèrent sa main. Que se passait-il? Jamais elle n’avait ressenti autant de désir dirigé vers une seule personne. Toujours, son désir avait été feint pour s’attirer les faveurs d’autres hommes, jamais il n’avait été aussi fort qu’en cet instant. Pourquoi son corps s’affolait-il à la vue d’un simple inconnu? Il n’avait rien de bien spécial pourtant. Elle soutint son regard lorsqu’il le plongea dans le sien, mais son cœur accélérait de plus belle. Elle priait intérieurement pour que cet homme de plus en plus intrigant ne le sente point. Des questions lui venaient en tête : Qui était cet homme? Que faisait-il à Émeraude? Il était évident qu’il n’était pas originaire de la capitale, cela se voyait nettement dans ses manières d’agir. Elle continuait donc de le charmer, ne pouvant résister à ce besoin d’être désirée que son corps manifestait. Jouer avec le feu lui plaisait bien. Tout, dans ses meurtres, était normalement calculé au grain de sable près. Il lui fallait avouer qu’elle n’avait pas vu venir ce nomade du désert. Les étoiles et la lune éclairaient le couple d’une lumière chatoyante. La romance était dans l’air, pour n’importe quelle personne sauf pour Sibylle. Elle ne faisait pas du tout dans la romance, elle préférait de loin la débauche et tout ce qu’elle entraînait. Elle avait toujours recherché le plaisir en premier. Elle avait été élevée de cette façon, et n’avait jamais cherché à se détourner de ce style de vie qui lui convenait très bien.
L’assassin devinait que l’homme présentait certaines réticences face à ses charmes, signe qu’elle choisissait bien ses cibles; elle n’avait point affaire à un amateur. De plus, il devait se douter que sa main enserrait la garde de son poignard. Après tout, il l’avait vue le rengainer après son crime. En un bref instant seulement, il en savait plus sur elle que tout le continent en entier. Les autres qui en avaient su plus reposaient maintenant sous terre. Il commença à proposer de se rendre à un autre endroit afin de consommer ce qui lui semblait plus vital que de l’eau, mais il ne termina pas sa phrase. Elle ne sut pas pourquoi, mais elle comprit que c’était le moment pour elle de frapper, sans quoi elle se savait beaucoup plus vulnérable qu’à l’ordinaire. Et cette sensation de fragilité ne lui plaisait guère. Elle avait donc dégainé son arme, l’avait placé contre la jugulaire de l’homme qui était dorénavant son ennemi et l’avait forcé à reculer jusqu’à ce que son dos touche la haie de cèdre la plus proche. Elle lui donna donc la possibilité d’une promesse de silence en échange de sa vie. La demi-fée se surprit elle-même par cette possibilité de vie sauve. D’ordinaire, elle n’aurait même pas hésité et elle aurait tranché la gorge de cet effronté. À son grand étonnement, l’homme se laissa faire, ne riposta même pas. Elle s’attendait à une autre réaction de sa part, à une défense, mais il n’en fit rien. Décidément, Sibylle avait largement surestimé les capacités de cet homme qui n’était peut-être rien de plus qu’un ivrogne qui se donnait des airs plus importants. Cela n’aurait pas été la première fois que cela arrivait. Beaucoup de brutes essayent de se rendre intéressantes lorsqu’elle passait au village. Sa noblesse étant évidente, beaucoup tentaient de se surclasser afin d’améliorer leur position minable. Ils se trompaient toujours. Toutefois, l’homme du Désert restait silencieux, ce qui surprit Milady. Elle s’attendait à une myriade d’excuses et de promesses et il n’en fit rien. Elle allait en finir avec cet homme qui provoquait tant de sensations nouvelles en elle quand une voix retentit.
Un homme élégant, résidant au château sûrement, venait de demander ce qui se passait. Planifiant aussitôt d’abattre l’intrus pour le faire taire, elle fut prise par surprise par Masa. Il posa sa main droite sur sa joue, électrifiant ainsi tout son corps et sa main gauche servit à les faire valser, juste assez pour que le dos de celui qui allait lui épargner un autre meurtre dissimule ce qui se passait réellement. Ainsi, sa lame restait collée contre la gorge du nomade, mais ce n’était point visible pour l’intrus. Comprenant ce qu’il faisait, Sibylle décida d’y mettre du sien surtout lorsqu’elle vit se dessiner un sourire joueur sur les lèvres de son partenaire. Sa main droite se posa sur la main gauche de l’étranger qui tenait sa hanche. Lentement, elle l’obligea à descendre jusqu’à sa cuisse. Un sourire provocateur s’esquissa aussitôt sur ses lèvres. Elle savait jouer, elle aussi. La chaleur de la main de l’homme traversait le tissu de sa robe et se diffusait à travers son corps entier. L’assassin se mordilla la lèvre inférieure, savourant cette sensation nouvelle, mais sans trop le laisser paraître. Puis, comme tout cela s’était passé en quelques fractions de secondes, Masa répondit à l’aristocrate, d’une manière assez élégante, il fallait l’avouer. Gêné par tant d’indécence, bien qu’elle fut en partie feinte, il reprit la direction du château, laissant les deux faux-amants seuls à nouveau.
Toujours dans cette même position, comme attachés l’un à l’autre, ils ne bougèrent pas, puis il s’adressa à elle. Il était sûr de lui, à un point que cela frisait l’arrogance, un peu comme chez elle. Il retira la main de sa cuisse et fit de même avec celle qui reposait sur sa joue, sans s’abstenir de frôler son visage du revers de sa main. Plaisante sensation. Elle prit une courte respiration avant de répondre. « Vous semblez accorder beaucoup d’importance à votre personne, monsieur. Serait-ce là un point commun que nous partageons? » Elle plissa les yeux, ajoutant de l’intensité dans son regard. « Je consens à vous laisser la vie sauve, mais n’allez pas croire cela ait quelconque raison avec vous. Il semblerait que j’aie une dette envers vous et voici ma façon de la régler. » Lentement, elle retira la lame de sa gorge, mais fit tout de même glisser la pointe sur le torse de son interlocuteur. D’un geste gracieux, sans même regarder, elle rangea son poignard dans son étui. Il fallait dire qu’elle avait fait cet exercice des milliers de fois. Elle défroissa ensuite sa robe et regarda Masa à nouveau. « Si votre proposition de vin tient toujours, je sais où le roi cache ses meilleures amphores. Si vous me donnez un instant, je pourrais bien accomplir ce miracle. Il me faut avouer que cette aventure m’a donné soif. »
Sibylle disparut dans l’ombre du jardin et revint quelques instants plus tard, tenant deux coupes d’or dans sa main droite et une amphore dans sa main gauche. S’installant gracieusement sur un banc de pierre, elle versa le nectar rouge dans les deux coupes, puis elle leva la sienne. « Alors seigneur Masa, à quoi buvons-nous? » Comme elle n’avait plus l’intention de le tuer – pour l’instant – elle ne voyait aucune objection à s’adonner au plaisir de la beuverie. Lentement, elle croisa sa jambe gauche sur sa droite, découvrant ainsi une partie de sa chair blanche. « Peut-être préféreriez-vous aller dans un endroit moins officiel? »
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Dim 15 Mar - 2:28 | |
| En quelques instants seulement les deux êtres vagabondant se devinèrent radicalement, à l'intérieur d'une scène qui en tous points semblait chorégraphiée : un événement initial, un retournement de situation mais surtout une communication fusionnelle entre les acteurs, l'espace d'un moment. Ils semblaient se nourrir l'un de l'autre, d'une énergie qui frôlait timidement l'extase. Masa fut d'ailleurs surpris par l'invitation ou plutôt l'obligation que Milady lui lança lorsqu'elle fit balader sa main où l'on invite que ceux que l'on veut apporter avec nous dans le brasier. Le prince s'agrippa à elle avec toute la sensualité qu'elle lui connaissait désormais et que lui permettait son état assez avancé. Cependant sa pensée s’éclaircissait de plus en plus : la poursuite, la menace de mort puis ce tango infernal avaient eut pour effet de l'éveiller comme la nage au matin, à Zénor. D'ailleurs il en tirait les mêmes sensations de fraîcheur et d'abandon. Il avait croisé de magnifiques femmes depuis son arrivée au royaume, danser avec quelques unes d'entre elles. Il les avait convoité. Par contre, Maünh ne s'en était pas saisi de cette façon là, c'est qu'à dire vrai, il préférait de loin les situations problématiques que celles dénuées d'intérêt par leur calme endormant. Guerrier vieillissant, il se plaisait à côtoyer les âmes torturées ou enfin celles qui mériteraient de se questionner. Chasseur d'intrigue, il aimait faire sienne les histoires des autres, leurs sentiments face à la vie. S'il avait la langue poétique, il manquait certainement d'originalité et d'imagination quant à ce qui pourrait exister, c'est pourquoi Masa se plaisait à écouter les autres : chaque fois un nouveau monde s'ouvrait à lui.
Cette fois il était tombé sur l'histoire de Milady de Baüdwin, et d'une lame de poignard à la gorge il la partageait désormais. Ses écarts de comportement semblaient plaire à la demoiselle, ou au moins la distraire puisqu'elle jouait avec lui comme il jouait avec elle. Ils ne partageaient très certainement pas la même culture, ni le même mode de vie, mais ils se réunissaient en cette folie dionysiaque où la pulsion n'était pas tabou mais bien moteur des actions les plus satisfaisantes. Seule une lame les séparait d'une distance autant physique que métaphorique, mais même elle semblait faire partie du plaisir : seulement Maünh ne pouvait réellement s'abandonner à cette rencontre puisque, bien qu'il avait confiance en lui et en se qu'il percevait chez les autres – qu'il considérait probablement comme sa plus grande compétence, il n’atteignait guère la certitude; Mä était un homme au pas décisif, mais ce n'était pas un sot, bien au contraire. C'est pourquoi les paroles de sa cavalière le ramenèrent au calme : après tout, si elle désirait discourir encore un peu, c'est probablement parce que le venin de l'intrigue coulait en elle comme les mains du guerrier frôlèrent sa peau, plus tôt. « Disons simplement qu'à l'instar des bien pensants, j'assume complètement cette partie de moi. Après tout mon plaisir ne peut satisfaire que moi, et tant mieux s'il devait joindre d'autres âmes perdues en cette sensation. » Toujours ils partageaient un seul regard, mais il ne put empêcher un soupire d’apaisement de s'échapper lorsque Milady se décida à retirer cette menace vicieuse de sa gorge. Il sentit d'ailleurs quelques gouttes de sang couler sur son torse : la pression qu'elle avait exercé tout ce temps avait été assez précise pour ne l'achever ou le faire souffrir à outrance, seulement assez pour que le risque paraisse bien réel.
L'offre de Milady fut entendue et d'un regard Masa acquiesça, après tout, faute d'avoir pu trouver l'écurie et d'accomplir la tâche qu'il s'était donné initialement, il pouvait bien reprendre ses activités de départ, d'autant plus qu'on ne lui offrait pas une piquette de charlatant; les réserves du roi, mari d'Aren, étaient à leur disposition. Bien qu'il devait calculer ses actions avec la reine, Mä profitait de ces coups sans risque pour l'irriter, même si au fond elle ne saurait jamais qu'il faisait parti du coup. Il accepta donc ce plaisir gratuit et la salua du regard avant qu'elle ne parte chercher ce liquide convoité. Lorsqu'elle disparue de son champ de vision, Mä accomplit une tâche un peu à contrecœur : il dégaina Miüne et l'aiguisa avec sa pierre, non pas qu'il désirait se débarrasser de la dame avec qu'il semblait entretenir une curieuse relation, mais s'il avait à le faire, le guerrier pouvait bien lui faire l'honneur de mourir dignement, sans souffrance. Il lui devait bien ça. Peut-être que sur ces bases, la menace planerait tout au long de leur entretien, mais en vérité, Maünh appréciait la tension qui éveillait leurs esprits; une guerre et une paix où l'on misait tout. Lorsque sa lame fut bien affûtée, il s'attacha les cheveux de façon à découvrir sa nuque et par le fait même les symboles qui étaient plus tôt dissimulés. Rien d’éloquent, qu'un rayon de soleil puissant donnant sur une immense porte.
Distrait, il ne remarqua pas tout de suite le bruit qu'émettaient les pas de la douce Milady : il se retourna à temps pour la voir arriver avec deux jolies coupes et l'amphore désirée. Il se sentit presque coupable d'analyser les meilleures façons de se débarrasser d'elle si elle devenait indésirable, mais après tout, elle avait un peu provoqué les choses car à la première instance de leur rencontre, la demoiselle avait charcuté deux êtres humains à la stupeur de Mä. Enfin, rien ne les empêchait de profiter de ce qu'ils s'étaient commandés et c'est par souci d'insouciance -oui- qu'il attrapa ce qui contenait l'objet de son désir en plus d'une coupe. Mais avant de verser le vin, il prit une gorgée au goulot et fut très satisfait du résultat : ce n'était pas qu'il n'avait pas confiance en les goûts du roi, mais son absence dans les décisions royales avait créé des préjugés de médiocrité dans l'esprit de Masa. Quoi de plus séduisant que de partager le pouvoir, en querelle ou en harmonie... ou les deux? « Milady, nous buvons à la mémoire de votre victime, qui de là-haut souhaiterait probablement pouvoir picoler en si bonne compagnie, ironiquement. » Un rire s'échappa, un rire honnête. Rarement il savait ce qui allait sortir de sa bouche au moment où il se prononçait, et le hasard de sa pensée le prenait quelquefois par surprise, assez pour se déstabiliser lui-même. En savourant une lampée de ce breuvage aux contours délicats, Mä prit place auprès de la dame, sur le banc, ne sachant pas où se placer de toute façon. En vérité, il réfléchissait à ce qu'ils pourraient bien faire, la nuit étant encore jeune et les esprits toujours bien éveillés.
Alors, il n'en prit que quelques minutes au guerrier pour se lever, bercé par l'idée qui venait de jaillir à son esprit : plus tôt dans la journée il s'était intéressé aux parois du château et avait nourrit l'idée d'y grimper, question d'avoir ce qui pourrait bien être le meilleur point de vue sur la rivière Wawki et les forêts qui la dépassaient. Masa ne prit pas la peine de concerter la demoiselle, sachant qu'il avait le pouvoir de provoquer quelque chose. « Oubliez les coupes, nous devrons nous en tenir à l'essentiel. » Et sans plus de discussion, il s'approcha de la première parois qui lui paraissait donner accès au reste de l'ascension. Il se tourna, simplement pour s'assurer d'être suivi et commença à grimper. Lorsque le passage devint plus ardu, il s'arrêta pour boire une gorgée, éveillant ainsi son arrogance à l’œil averti. Cependant le guerrier ne tarda pas trop car ses prétentions le rattrapaient et la sueur commençait à tapisser son front basané. Il se précipita donc au premier plateau qu'il trouva, un retour au calme franchement apprécié. Ils avaient alors franchis quelques mètres, peut-être une dizaine, et déjà la vue s'annonçait majestueuse. Il l'échangea toutefois pour quelques gorgées de vin et lorsqu'il le put, proposa à Milady d'en faire de même. « Serez-vous capable de me suivre jusqu'au sommet? » |
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Lun 16 Mar - 0:27 | |
| Lentement, prenant tout son temps, question de faire peser la menace, elle retira sa lame de la gorge de Masa. Des gouttes de sang s’écoulèrent de l’endroit où son arme avait été posée. De son index, elle essuya le liquide vermeil qui s’échappait de la plaie et qui coulait sur le torse de celui qui avait d’abord été son ennemi. « Quelle tristesse, monsieur, vous saignez. » En fait, elle ne trouvait pas cela triste du tout. Elle avait appliqué une assez suffisante pression afin de provoquer la plaie. Il devait comprendre que, même si elle baissait sa garde, cela ne voulait pas dire qu’elle n’hésiterait pas à le réduire au silence si l’occasion l’exigeait. La vue du sang sur le torse provoqua en elle un léger frémissement. Voir le sang l’avait toujours amusée et elle avait toujours apprécié être celle qui le faisait couler. Elle sortit un mouchoir de son corset et nettoya son doigt avant d’en faire de même pour son poignard, qu’elle rangea ensuite dans son étui. D’un mouvement d’une lenteur calculée, elle replaça son mouchoir au creux de sa poitrine, dans son corset. Sibylle ricana intérieurement lorsqu’elle entendit sa réplique. Elle partageait totalement son opinion. Son propre plaisir ne pouvait que satisfaire elle-seule, puisqu’elle s’était toujours priorisée dans tous les aspects de sa vie. Plus elle en apprenait sur ce nomade du Désert, plus elle sentait que certaines parties de leur âme s’entrecroisaient. Bien qu’il paraissait réprimander les crimes qu’elle commettait, elle sentait en lui quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus noir et encré qu’il ne le laissait paraître. Et il fallait dire que ce qu’elle percevait en lui attirait énormément sa curiosité. L’envie de décoder cet homme mystérieux la prenait. C’est sans doute pourquoi elle lui proposa du vin et pas n’importe lequel : celui de la réserve du roi.
Aussitôt qu’il lui répondit par l’affirmative, elle se glissa dans l’ombre du jardin. Grâce à son titre de noble, elle avait souvent visité le château du roi d’Émeraude. Alors que ce dernier s’était tant efforcé de dissimuler sa cave à vin, elle l’avait trouvée sans aucun problème. Elle n’avait eu qu’à courtiser l’un des serviteurs dont la langue s’était déliée très rapidement. Il lui arrivait donc souvent d’emprunter au roi d’Émeraude quelques-uns de ses alcools lorsqu’elle passait par la forteresse. Silencieuse dans la nuit, elle se glissa par l’une des portes de service et longea le mur. Pratiquement invisible, elle déambula dans les cuisines jusqu’à la recherche de la porte dissimulée. Elle appuya sur un pan de mur et la porte s’ouvrit d’elle-même dans un grincement léger. Après un rapide coup d’œil aux alentours, l’assassin entra dans la pièce. Passant ses doigts sur les étagères poussiéreuses, elle avança jusqu’au fond de la pièce, là où les meilleurs crus dormaient. Ses doigts s’arrêtèrent sur une amphore. Elle la déboucha et huma le contenu. Cela ferait grandement l’affaire. Elle refit le chemin inverse et prit au passage deux coupes en or – elle adorait le luxe, elle n’allait pas s’en priver. Sibylle ne pressa pas la cadence pour revenir à son point de départ. Après tout, ce Masa pouvait bien patienter. Et s’il avait disparu, cela lui ferait un excellent cru pour elle seule. Elle n’était pas perdante dans cette situation. Arrivée à proximité du lieu où l’attendait son nouveau compagnon de beuverie, elle s’arrêta et se dissimula dans l’ombre d’un arbre. Il lui faisait dos et il attachait ses cheveux. Elle vit sur sa nuque une étrange marque, cela ressemblait à un rayon de soleil et une porte. Elle se mordilla la lèvre. Décidément, le mystère régnait autour de cet homme et cela lui plaisait.
Mordillant toujours sa lèvre inférieure, elle quitta son point de vue pour se diriger vers ce séduisant et mystérieux homme. Elle versa du vin dans sa coupe, mais avant qu’elle puisse n’en verser dans l’autre, Masa attrapa l’amphore et bu à même le goulot. Vraiment, cet homme était rustre et n’avait aucune manière. Elle demanda à quoi ils buvaient et la réponse de son partenaire fut très peu satisfaisante, mais il parut bien aimer sa palabre. « Vous me décevez, monsieur. J’avais espéré que vous auriez passé outre ce petit incident dont vous avez été témoin. Il me faut le dire, je m’attendais vous trouver plus enclin au plaisir et à la plaisanterie. » Elle but contenu de sa coupe d’un seul trait, étanchant la soif que le meurtre avait causé. L’homme prit place à côté d’elle, sur le banc. Ils ne se touchaient pas, mais la tension était palpable. Considérant qu’ils pouvaient être interrompus à tout moment dans les jardins du château, elle proposa au nomade de trouver un autre endroit. Après tout, ils buvaient le vin de la royauté et Sibylle n’avait pas envie d’avoir à se justifier de son vol, bien qu’elle savait déjà que peu importe l’accusation, elle serait reconnue non-coupable. Il réfléchit un instant puis une idée sembla lui venir en tête. Il lui dit d’oublier la coupe et de le suivre. Quoi? Oublier la coupe? Une si belle coupe d’or, c’était une véritable perte. Mais il ne lui donna pas l’occasion de protester, il prit la direction du mur du château le plus près et commença à grimper. Était-il devenu complètement dément? Escalader la paroi du château. Ce n’était pas digne d’une dame de son rang et elle détestait l’escalade, même si il lui arrivait de le pratiquer. Comment voulait-il qu’elle réussisse à escalader le mur dans cette robe? Bien sûr, elle était prête à toute éventualité, mais normalement, elle n’était pas accompagnée.
Pestant intérieurement contre Masa et ses idées de grandeur pour impressionner les dames, mais aussi contre le fait qu’il filait avec l’amphore, elle entreprit de se mettre en tenue, moins décente certes, mais plus adaptée à l’escalade. L’assassin défit la partie de sa robe qui était rattachée à son corset. Ainsi, elle se débarrassa de tout ce qui composait la partie visible de la robe, ne laissant que son corset, un jupon très court qui lui allait jusqu’à la mi-cuisse et des bas de soie qui recouvraient délicieusement la chair de ses jambes. À sa cuisse gauche, était attachée une jarretière qui servait à tenir une lame. Deux autres lames reposaient dans leurs étuis à sa taille, sous son corset, dissimulés en partie par le haut de son jupon. Frustrée de devoir laisser une aussi belle pièce de vêtement dehors, elle entreprit de la dissimuler. Elle reviendrait la chercher plus tard. Elle posa son pied sur la première pierre et entreprit sa montée, tout en tempêtant intérieurement contre ce fou et ses idées stupides. Mais, elle décidait tout de même de le suivre, elle devait être aussi folle. Arrivée au premier plateau, elle se demandait encore ce qu’elle faisait là. Elle accepta volontiers l’amphore et but deux grandes gorgées. Le vin lui redonna un peu de courage et de volonté à terminer ce qui semblait être une mise au défi. Il lui demanda si elle était en mesure de poursuivre jusqu’au sommet. Il fallait le dire, la tentation des escaliers était grande. Ses mains en sortiraient sans doute moins abîmées. Mais elle sentait le besoin de prouver à cet homme qu’elle était capable de tout, que rien ne l’arrêtait. « Vos ambitions sont grandes, monsieur. Mes lamentables prouesses en escalade me recommandent cependant de ne pas aller plus avant. » Elle lui tendit l’amphore et se retourna. « Connaissant très bien le château, je prendrai les escaliers. Rejoignons-nous au sommet alors. Et ne buvez pas tout le vin en chemin. C’est grâce à moi que vous l’avez après tout. »
Sibylle s’inclina en un petit mouvement et tourna le dos, prenant la direction de la porte la plus près. Les escaliers menant au sommet de la tour étaient tous près. Elle avait renoncé à poursuivre l’ascension. Cette activité n’était pas digne d’une dame et elle ne le faisait qu’en cas d’extrême nécessité. Elle entama la montée, qui s’avéra beaucoup moins difficile et arriva à l’endroit prévu en premier. L’assassin s’approcha des remparts et son souffle s’arrêta. Elle comprenait dorénavant le pourquoi de cette ascension. La vue était extraordinaire. Le monde semblait si vaste, mais en une pareille hauteur, il semblait lui appartenir également. Masa se fit entendre, mais elle ne se retourna pas, toujours époustouflée par la vue magnifique. Le sentant s’approcher d’elle, elle esquissa un sourire et se retourna, s’accotant contre la paroi rocheuse et froide. « J’espère que vous ne mettrai pas en doute mes compétences physiques, monsieur. L’escalade n’est malheureusement pas mon fort. J’excelle plus dans des domaines où le plaisir est toujours à son paroxysme. » Elle lui lança un clin d’œil invitant. Bien sûr, elle le provoquait. Elle ne voulait pas que se termine ce petit jeu auquel ils s’adonnaient tous deux. Comme il s’approchait d’elle, Milady lui prit l’amphore des mains et porta le goulot à sa bouche Elle prit une longue gorgée et lécha sur ses lèvres les gouttes qui s’étaient frayé un autre chemin. Elle déposa l’amphore par terre. Puis, elle passa son index sur la plaie qu’elle lui avait infligée. « Comment se porte votre plaie? » Son index ne resta cependant pas sur la blessure. Se joignirent à lui les autres doigts de sa main et ensemble ils trouvèrent le chemin de la poitrine du métèque. Plongeant son regard dans le sien, elle esquissa un sourire inviteur. Ses doigts se baladèrent sur le torse de celui qu’elle provoquait, descendant de plus en plus bas vers le ventre. Toujours adossée contre la paroi, elle releva la jambe gauche pour afin de poser son pied sur le mur rocheux. « Il me faut l’avouer, la vue est magnifique. »
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Lun 23 Mar - 1:54 | |
| Masa se reposait tranquillement, adosser à un toit qui ne semblait pas avoir fait l'objet d’entretien; sa nervosité était moindre, sachant qu'en cas d'incident il pourrait compter sur ses réflexes, même ivre. Son regard se perdit dans le rêve qu'il imaginait, embrumant les quelques réalités qui le rattachaient encore en cette place. Le ciel était magnifique et peignait l'horizon de sorte à ce qu'il soit impossible de ne pas s'enivrer du paysage. Savoureuse saison qui offrait tant d'odeurs, et la vue de Milady qui montait difficilement le rejoindre. Le nomade se sentit presque honteux de la désirer à ce point à ce moment, tant le dévoilement trahissait les charmes du mystère, mais la douce peau apparaissait à l’œil passionné de l'aventurier et au désir charnel, il restait gourmand. Les plaisirs de la chair ne le laissaient pas indifférent et s'il restait une joie coquine à trouver il s'empresserait dans sa recherche. Cependant le feu dansait mieux sur un brasier à la chaleur ardente : et brûlait le bois comme les yeux du métèque, au vif d'une passion que l'on devrait taire en d'autres lieux. Ce n'était pas le cas en cette douce soirée où Mä se dotait de tous les privilèges, dans l'optique d'un bonheur presque permanent. Peut-être exagérait-il son enthousiasme, mais après tout, n'était-ce pas là la clé de l'euphorie? Pour vivre, il faut se soucier des autres, mais aussi savoir se laisser emporter, sans repère. La spontanéité, cet élan fragile, devait être préservée pour rendre hommage aux sentiments authentiques qui virevoltaient dans l'esprit – et le cœur, pour les poètes – de l'homme vieillissant.
Il fut un peu déçu d'apprendre que sa partenaire ne le suivrait pas dans sa folie, mais il s'agissait d'une déception bien égoïste : en fait il fut impressionné par son aveu, très honnête et franchement elle se détachait du pire maux de l'être humain, l'orgueil. Tout d'elle tendait vers une personne loin d'être bâclée dans sa prestance, elle qui avant tout semblait se respecter. Comment dire? Ses lèvres n'en devenaient que plus attirantes. Le tout de cette soirée restait probablement un jeu, mais un jeu bien plaisant. « Vous me décevez un peu, moi qui croyait avoir affaire à une redoutable dame de la cour, rugissante assassin aux traits fins, dessinée comme le rêve et foudroyante comme la mort. Et bien... » Mä ne put retenir un sourire bien longtemps, après tout, le sérieux ne le connaissait guère et pourquoi s'en faire avec un théâtre qu'il ne pourrait tenir, et à quel point la vérité était plus plaisante lorsqu'elle s'accompagnait d'une pulsion? Il la laissa donc filer sur ces propos cinglants et s'en remit à ce qui lui restait à faire, et ce qu'il lui restait à faire, c'était à grimper la parois du château, maintenant seul puisque Milady décida sagement d'emprunter les escaliers : était-ce réellement par humilité, ou plutôt pour limiter l'humiliation? Le nomade n'en savait rien, mais au fond, ce n'était pas très important.
Ce qui était le plus dommage dans cette histoire, c'était qu'il devait faire dos au magnifique paysage qui animait le versant Est du palais royal, mais il retrouvait dans cette ascension un plaisir surprenant à réaliser toute la profondeur que pouvait renfermer les pierres d'un bâtiment : une richesse historique, qui se transmettait sous forme de phénomènes naturels quotidiens, mais si impressionnants. Il pouvait voir les creux qu'avaient provoqué la pluie, les dommages du vent. Tout ce que finalement on associait au temps. Puis, par petites avancées, Masa répondait à sa curiosité en regardant par les différentes fenêtres qui ouvraient sur les splendides salles du château. C'était le quotidien qui se présentait à lui sous ses diverses formes : à un endroit deux jeunes amoureux s'embrassaient, à un autre une femme berçait son enfant, de ses mots, de ses bras. Quelle beauté pouvait-on trouver dans la banalité d'une vie royale? Le nomade se surprenait à pouvoir en apprécier les subtilités. C'était peut-être ce qu'on appelait la romance du vin, après tout. La particularité d'être l'observateur était la nécessité d'être seul, de se plonger, à travers sa vision, dans la vie des gens, non pas afin d'être capable de juger des actions mais afin de pouvoir comprendre les sentiments qui se dévoilaient difficilement : le soupire du vieillard en était-il un face à la proximité de la mort ou simplement exutoire à une altercation l'ayant précédé?
La montée devint pénible vers la fin, le sang et la sueur n'aidaient guère le métèque à joindre sa destination, mais son effort seul le transporta au sommet de la tour où l'attendait depuis un moment sa nouvelle amie. Lorsqu'il franchit la fenêtre par laquelle il devait de passer, il s'écroula un moment sur le sol, en silence. Un long soupire le traversa pour se rendre à celle qui n'avait pas souffert la même épreuve que lui. Il esquissa un sourire à ses propos, lui qui devint soudainement timide devant ce manque de subtilité. Comment répondre? À dire vrai, Maünh était déstabilisé par la provocation de la demoiselle : « Ô mais il faut me croire, madame, je n'ai jamais estimé vos compétences en premier lieu. Mais je vous croirai sur parole, vous semblez honnête et votre allure semble transmettre le même message. » Arrogant, insolent même, il se releva avec le précieux réceptacle du vice. Il se doutait bien que Milady voudrait pouvoir partager avec lui cette trouvaille qu'elle avait fait elle-même. Avant qu'elle lui ravisse l'amphore, Masa en subtilisant quelques gouttes question de bien s'hydrater à la suite d'une activité physique exigeante. La ravissante ravisseuse lui subtilisa ensuite l'objet convoité, comme il avait pu le prévoir, mais c'est en s'approchant d'elle qu'il fut plus d'une fois surpris : sa main parvenue au visage de l'homme s'aventura sur sa blessure, et bien qu'il voulue rester de la glace, la douleur le raidit. Il soutint le regard de la femme fatale, sachant qu'il était d'une certaine façon mis à l'épreuve à son tour. Mais sa main descendit rapidement et la tension ne quitta pas la scène : celle-ci frôlait dangereusement avec l'érotisme et réussissait par le fait même à se tailler une place dans les songes de Mä. Profitait-elle simplement de sa faiblesse ou plutôt son attraction pour le plaisir? Il n'en fallait point douter, le nomade s'y plaisait, mais la confiance n'y était toujours pas.
Sa jambe infinie se plaça à côté de l'homme enivré et ainsi il savait qu'elle était à la recherche du trouble, qu'elle était probablement née dans ce trouble et qu'elle y retournait lorsque l’occasion se présentait. La situation était presque bestiale... Masa agrippa la jambe de Milady fermement et se rapprocha subitement de ses lèvres : « Vous semblez confiante en vos moyens, mais n'en faut-il pas davantage pour vous râvir? Qu'avez-vous donc trouvé en moi? Ne seriez-vous pas qu'une simple aristocrate à la vie terne, à la recherche d'exotisme? » Un rire moqueur s'en suivit, puis il saisit la main droite de son amie pour la faire tournoyer; elle se trouvait maintenant dos à lui, appuyée sur son torse, et ils pouvaient ainsi regarder le paysage, dans une étreinte sensuelle. « Paysage d'une beauté sublime que l'Homme ne saurait possédé. Et pourtant j'en ai la volonté. Vous savez, un jour, il vous faudra vous incliner devant moi : à cet instant vous comprendrez quel rôle je joue. »
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Dim 29 Mar - 23:34 | |
| Arrivée au premier plateau de la dure et pénible montée, Sibylle avait décidé d’abandonner cette folie. Elle était une dame après tout, elle n’escaladait pas les remparts. Cela était contre les convenances qu’elle aimait bien respecter… quand cela l’accommodait. En cet instant précis, respecter les convenances constituait une excellente raison de ne pas perdre d’avantage sa fierté. L’assassin annonça donc à Masa qu’elle ne continuerait pas ce délire en sa compagnie, mais qu’elle utiliserait plutôt les escaliers, ce qui était beaucoup plus digne d’elle. La réplique du métèque la fit sourire intérieurement. Bien évidemment, il ne pouvait pas s’empêcher de la taquiner un petit peu, cela faisait partie du jeu. Des répliques parfois cinglantes, insolentes, courtoises ou chargées de mystère, cela prenait tout l’apparence d’une danse qu’ils exécutaient tous les deux, l’un guidant l’autre, luttant pour le rôle du meneur. « Ne vous inquiétez pas, je suis bien tout ce que vous croyez, je ne fais que respecter les convenances. » La demi-fée se retourna ensuite et plongea dans l’obscurité, endroit qu’elle aimait par-dessus tout. Laissant traîner ses doigts sur la pierre froide du château, elle s’y adossa un instant. À quoi jouait-elle? Pourquoi cet homme la fascinait-il autant? Ce n’était du tout son style d’ainsi se laisser entraîner dans de telles folies. Il y avait chez cet inconnu une expérience de vie et un mystère qu’elle pouvait associer à sa propre personne, même si cet homme possédait beaucoup plus d’hivers qu’elle. Toutefois, elle se surprenait à imaginer les mains Masa sur son corps, passant de sa gorge, à ses épaules, à ses bras et à sa taille. Elle réprima un frisson de désir, sachant qu’elle ne pouvait refuser à son corps ce qu’il désirait. Toute sa vie, elle l’avait commandé et maintenant il voulait prendre les commandes. C’était la première fois qu’elle sentait autant le besoin d’y obéir. En temps normal, elle ne l’aurait pas écouté et aurait tué le gêneur alors qu’elle en avait l’occasion. Jamais elle n’aurait retiré la lame du coup de sa victime sans d’abord l’avoir tuée. Mais la fascination gagna sur le sens, manifestement. La pierre humide de la paroi acheva de la rafraîchir, et elle put entreprendre la montée des escaliers.
Elle prit tout de même son temps, sachant que l’escalade du rempart allait prendre du temps à son compagnon de vice. Quand Masa arriva enfin tout en haut, il se laissa tomber afin de reprendre son souffle. L’assassin fut contente de ne pas l’avoir suivi lorsqu’elle le vit ainsi à la recherche de son souffle. Sa dignité la remercia intérieurement. Encore une fois, elle justifia sa décision, et elle le vit sourire. Ses douces lèvres s’étirèrent en un sourire, dévoilant par le fait même une partie de ses dents blanches. Définitivement, cet homme avait tout un sens de la répartie. « Oh mais ne vous méprenez pas. C’est pour vous suivre dans votre folle aventure que j’ai du me départir de ma robe. » Cela s’avérait en partie vrai. À contrecœur elle s’était dévêtue, puisqu’elle adorait ses vêtements plus que beaucoup de choses sur le continent, mais elle avait voulu jouer avec le feu. Cela faisait partie de sa nature, provoquer les choses, les gens. Les mettre mal à l’aise. Cependant, le métèque ne semblait pas si troublé que cela. Il en avait sans doute vu d’autres. Pourtant, plus la nuit avançait, plus elle se dit que son choix avait peut-être été un peu impulsif. En altitude, le vent soufflait plus fort et sa température diminuait. Par orgueil, elle se retenait de frissonner. Son corset, bien que très joli, ne tenait pas au chaud aussi bien qu’une robe pourvue de manches et de plusieurs épaisseurs de tissu. Le vin qu’elle avala contribua à la réchauffer momentanément, mais elle devrait trouver un autre moyen si elle ne voulait pas tomber en hypothermie.
Puis, Sibylle s’était approchée de Masa, posant la main sur sa blessure pour après laisser balader ses doigts sur le torse étonnamment musclé du métèque. Le corps de l’homme du Désert s’était raidi lorsqu’elle avait apposé son doigt sur sa plaie. Ainsi donc, elle le faisait souffrir. Cela serait toujours un moyen si les choses tournaient mal. Quoiqu’avec la tension qui régnait entre les deux êtres, elle ne pouvait imaginer que la situation puisse mal tourner… Du moins, elle ne voulait pas que cela se déroule mal, elle avait d’autres plans en tête, et son intuition féminine lui révélait que son nouveau compagnon partageait les mêmes. Toutefois, la méfiance flottait au-dessus de leur tête, appelant à la prudence. Elle ignorait les capacités de cet homme en toutes matières, mise à part son sens de la prose qui était manifeste. Puis, elle remonta sa jambe afin de l’appuyer contre la paroi rocheuse. Ce faisant, elle frôla la jambe du nomade qui se trouvait près d’elle. Oh oui, la vue était belle, même si elle faisait dos à la vraie vue époustouflante. Bien sûr, elle cherchait à le faire flancher pour elle, elle adorait faire cela. L’assassin avait appris l’art de la séduction dès son entrée dans l’adolescence et elle avait été une élève très douée. Elle isolait souvent ses victimes par la séduction, car le jeu lui plaisait autant que la chasse de l’homme et de le voir succomber aux plaisirs du vice… même la proie mourrait avant de connaître ces plaisirs charnels. Cependant, elle savait que Masa ne réagirait pas comme les autres. Elle le savait plus intelligent que tous ceux qu’elle avait éliminés et ensorcelés de ses charmes. Elle se languissait de voir comment il réagirait à tout cela.
Sans prévenir, le métèque agrippa sa jambe. Milady frémit au contact de sa main sur ses bas de soie couleur chair. Par réflexe, elle posa sa main sur la garde de sa dague qui reposait sous sa jarretière. Elle ne voulait pas qu’il utilise ses propres armes contre elle. Puis, il approcha ses lèvres des siennes. Sibylle pouvait sentir son souffle contre son visage. Elle ne tenta aucun mouvement, même si l’appel des lèvres était attirant. Il parla ensuite, la provoqua encore une fois. Il avait raison, cela était beaucoup trop facile, aucunement digne d’elle. Son avidité était beaucoup trop évidente. Lentement, elle détacha son regard du sien et approcha sa bouche de son oreille gauche. Joue contre joue, elle déplaça sa main de son arme pour la poser sur celle de son interlocuteur. « Pourquoi vous croyez-vous si spécial? Votre jugement est bien hâtif et repose sur des faits que j’ai moi-même décidé d’exposer. Croyez-vous donc tout savoir? » À peine avait-elle répondu qu’il s’empara de sa main droite et la fit tournoyer sur elle-même d’un demi-tour. Elle se trouvait dorénavant collée contre le torse de Masa face à la vue merveilleuse. Il lui murmura quelque chose qu’elle ne saisit pas au complet. Pour qui se prenait-il? « Je n’ai pas pris l’habitude de m’incliner devant l’arrogance, malheureusement pour vous. » La demi-fée sourit. « Quant aux rôles, que sommes-nous monsieur en ce moment même, devant cette vue à couper le souffle. Ne sommes-nous pas deux êtres en quête de mystère, de plaisir, d’ivresse et d’aventure? Que sommes-nous face à la lune et aux étoiles. »
Elle prit l’amphore de vin qui, heureusement n’était pas encore vide. Elle but une longue gorgée. Cela la réchauffa, tout comme la chaleur corporelle du nomade. Sibylle ne voulait pas baisser sa garde, mais le vin commençait à faire son effet. Le désir grandissait en elle et elle savait qu’il ne baisserait pas sa garde non plus. Que faire alors? Allaient-ils rester là tous les deux fixant l’horizon dans le silence? La sédentarité ne lui plaisait guère. Elle avait toujours préféré l’action et le danger. L’inaction lui pesait tout comment cette tension sexuelle qui grandissait à chaque instant mais qui risquait de mener nulle part. L’assassin porta son regard autour d’elle, du moins elle essaya puisque la stature de Masa l’empêcha de voir bien loin. Elle remarqua une vieille cible au loin et une idée germa en son esprit. Elle se retourna et sourit au métèque. « Seriez-vous intéressé par un jeu d’adresse monsieur? » Elle pointa la cible. « Une cible, trois lames. Celui qui perd enlève un morceau. Celui qui gagne a droit à une question ou à une action. » Elle haussa les sourcils afin de le tenter. Elle avait toujours adoré les jeux et les défis. Elle espérait qu’il soit aussi joueur qu’elle. « À moins que vous ayez quelque chose de plus intéressant à proposer? »
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Lun 13 Avr - 0:44 | |
| D'où pouvait-elle bien venir? Une femme de sa caste ne provenait certainement pas de la noblesse elle-même. Elle n'aurait pas pu s'acclimater aussi bien au vice, et surtout au meurtre. Elle semblait bien plus libre que tous ces gens qui se promenaient au château, qui, bien pensants qu'ils étaient, ne se commettaient à rien du tout. Elle n'appartenait à personne, une sorte de desperados de l'aristocratie. En fait, elle appartenait à la rue : elle savait vagabonder, et cette jungle urbaine, elle la domptait à son bon vouloir. Et des deux il était impossible de savoir qui avait avalé l'autre.
« Oh, bien sûr que je ne crois pas tout savoir, mais j'ai l'ambition et la curiosité de venir à bout de bien des secrets de l'univers. Les vôtres sont infimes face à la grandeur du monde, et je considérai comme un échec de ne pas les percer. À quel point tenez vous à votre mystère pour que je ne vous l'arrache? » Ses yeux alésaient l'horizon et traversaient les miles. Un sillon dans la nuit comme le silence d'une mère déçue. S'il appréciait danser avec Milady, il se réjouissait à l'avance de pouvoir lui faire perdre pied, juste une fois, une seule fois pour alimenter ce sentiment de défi qui s’embrasait à chaque mot, à chaque regard. Tant de volupté, trop pour dire que l'on pouvait rester neutre. La finalité serait décevante ou dépasserait ce qu'une vie sans risque ne pouvait apporter. Masa n'avait pas l'habitude de s'arrêter si loin dans une aventure : il se commettait, peu importe la gravité, et trop souvent, peu importe ce qui pouvait l'attendre à l'arrivée.
Portant le vin à ses lèvres il en oublia presque le feu dans le ciel, une traînée d'étoiles et la lumière discrète de la Cité qui mourait pour mieux revivre à l'arrivée attendue du soleil. Il ne restait presque plus de liquide de luxure et Masa ne savait donc ce qui allait arriver par la suite. Il en aurait bien voulu une autre bouteille, mais sa compagne lui avait fait faux bond sur cet aspect; peut-être ne se doutait-elle pas qu'ils se retrouveraient si rapidement au sommet? En tous les cas, cela affecterait l'était d'esprit du nomade s'il ne trouvait pas quelque chose d'assez intéressant pour retenir son attention. Captif du moment, il tendit l'oreille à la suggestion de Milady. Alors elle voulait le défier dans un jeu d'adresse? Il était vrai qu'elle semblait se débrouiller avec les couteaux, mais le grand diable ne la craignait guère. Les gitans ne savaient que jouer et c'était avec eux qu'il traînait la nuit venue depuis bien des décennies. « Pourrez-vous me surprendre ou souhaitez-vous simplement vous débarrasser du reste de votre accoutrement? Étonnez-moi, je vous pris, j'aime la compétition et je crains n'en avoir que très peu ici. »
Maünh Za pris connaissance de la location de la cible et brusquement il se sépara de la demoiselle séduisante. Il alla la chercher et tendit la main pour que cette Milady lui offre ses couteaux. Avant de commencer, toute fois, il regarda son amie: « J'espère que vous ne comptez pas vous en sortir aussi rapidement. Après tout, il vous faudra assumer votre défaite à la grimpe si vous tenez à ce que je vous accompagne dans cet exercice de luxure. Vous vous êtes déjà occupée de vos vêtements, mais il me reste une question pour vous : à quel point me désirez-vous pour en arriver à une idée pareille? » Il connaissait à peu près la réponse, mais il se plaisait à la voir céder. De toute façon, il ne faisait qu'exercer la règle et c'était maintenant à elle d'en répondre. Cependant, il ne prit pas la peine de s'arrêter pour l'écouter : il lança la cible de façon à ce qu'elle roule sur le sol et que par l'orientation du mouvement, elle trace un arc de cercle dont le point milieu serait Masa lui-même. Rapidement, il tira son premier jet et la lame se planta sur le bois, très loin du milieu. Un deuxième couteau s'en suivit mais celui-là rata de peu. Pour son dernier, il avait déjà préparé le terrain : même s'il ne s'agissait pas du tout de la voie sécuritaire, au même moment où l'on put croire qu'il allait lancer, il fit un demi-tour et dans le même mouvement lança le couteau derrière lui, projectile qui atterrit en plein centre de la cible. Ainsi, Mä crut brouiller les pistes : avait-il manqué ses autres coups par prétention ou était-ce simplement l’œuvre du hasard que ce coup d'éloquence amena le meilleur résultat de cette petite course?
« Je connais déjà l'enjeu de notre première ronde, ma chère, et il n'en tiendra alors qu'à vous de vous rendre justice, car je m'apprête à être injuste, voyez-vous. » Sur ces paroles, il subtilisa l'amphore de la vue de Milady et la vida complètement d'une gorgée généreuse, le sourire aux lèvres, ouvertes afin de compléter son action. Il était également victime de son coup, de moindre façon puisqu'il avait pu profiter des derniers moments de ce qui lui procurait tant de plaisir. Il laissa le vin rouler dans sa bouche, passant sur et sous sa langue afin d'en savourer l'arôme et de râvir ses papilles. Bien près du rêve, il en aspira les derniers gouttes et frappa ses deux mains à la manière d'un danseur, laissant transparaître le plaisir qu'il prenait à jouer de la sorte. La chaleur pénétrait son corps dangereusement et il fut pris d'un soudain enthousiasme, et désireux de partager cet instant il se mit à tourner autour de sa partenaire, toujours en tapant des mains et en tapant du pied gauche, sur le rythme, souhaitant que Milady emboîte le pas et le rejoigne dans cette danse infernale. Puis, lorsqu'il fut lassé de l'admirer bouger, il alla chercher les couteaux et fit mine de lui les lancer. Il s'approcha par la suite en les mettant à sa disposition, ne souhaitant pas s'en faire une ennemie. « Faites attention, vous ne disposez pas d'un nombre important d'essais. Le jeu deviendrait ennuyant s'il fallait vous voir entière au premier coup. » Il profita de cette courte pause bien méritée pour sortir du petit sac qui était attaché à sa taille un peu de tabac enfin d'en rouler. Il alluma sa création à l'aide d'une torche et s'assit au bord de la fenêtre, curieux du développement et bien positionné pour admirer le corps de sa camarade. |
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| Sujet: Re: Les Jardins du château [RP entre Masa et Sibylle] Lun 20 Avr - 22:18 | |
| Émeraude, quelques années auparavant.« Je vous aime », avait-il soupiré après un désir assouvi. Bien sûr qu’il l’aimait. Elle supportait sans rien dire tous ses caprices vicieux, ses désirs insensés et ses coups précipités qui ne plaisaient qu’à lui. Heureusement que ce contrat valait beaucoup d’argent, puisqu’elle ne se serait jamais postée elle-même dans une situation aussi dégradante. Les nobles hommes ne l’étaient que parce qu’ils possédaient des titres. Ils ne l’étaient point de caractères, surtout au niveau conjugal. Ils prenaient leurs titres pour acquis et se livraient aux pires perversités, promettant aux jeunes filles le monde en échange de l’accomplissement de leurs fantasmes. Il croyait que Sibylle faisait partie de ce genre de jeunes dames en quête de titre, de prestige. Cela était la couverture qu’elle avait choisi d’adopter. Elle avait bien cerné cet homme. « Je vous aime aussi », avait-elle ensuite, faussement, répondu. Sortant du lit, elle entreprit de chercher ses vêtements qui recouvraient différentes parties du sol de la chambre richement décorée. Lentement, elle remit ses bas en soie couleur chair, son corset, sa robe et ses souliers. Elle arpenta ensuite la pièce, se dirigeant vers une commode en chêne. Elle ouvrit le tiroir et prit discrètement la lame qui avait été dissimulée sous des soieries. Cette dernière fut aussitôt dissimulée dans l’un des pans de sa robe. L’assassin se retourna et revint vers le lit. « Son amant », toujours couché, la regarda en souriant. Il lui fit signe d’approcher, ce qu’elle fit. Il se releva pour s’adosser contre le mur. « Je n’en ai pas fini avec toi, ma jolie. Reviens ici. » Simulant un sourire aguicheur, elle s’approcha de lui et l’enfourcha pour se retrouver sur ses jambes, face à lui. Content de devoir dévêtir à nouveau sa maîtresse, il plaça aussitôt ses mains sur sa poitrine, à la recherche du lacet de son corset. Jouant le jeu, elle plaqua sa bouche sur la sienne. Alors qu’il avait finalement réussit la périlleuse tâche de dénouer son corset, elle lui planta la lame dans la gorge, sur le côté gauche et recula juste à temps pour éviter que le sang ne tache sa nouvelle robe de soie rose, gracieuseté de son amant désormais décédé. Milady retira ensuite la lame du cou du cadavre, l’essuya sur les draps de lin blancs et sortie sans être vue. Après tout, personne n’était au courant de son existence, elle avait veillé à ce que sa cible ne divulgue rien de sa personne tout au long de leur pénible relation qui avait duré plus d’un mois. *** Sans même connaître ce Masa, elle savait qu’il ne possédait aucune des caractéristiques de ses anciens amants, même si elle se répugnait de les appeler ainsi. Le plaisir n’avait qu’été leur, jamais sien. Elle se servait de son corps pour les appâter, mais tristement, aucun ne ressortait du lot par sa conscience du plaisir féminin. Tous ne faisaient qu’en abuser, se croyant tout permis parce qu’ils étaient nés mâles. Cependant, ils ne comprenaient absolument rien à qui elle était et toujours ils payaient cette erreur de leur vie. Le nomade semblait être le premier à véritablement désirer percer ses secrets, ce qu’elle trouvait terriblement attirant, mais perturbant à la fois. Elle ne voulait point se divulguer, elle ne voulait pas qu’il réussisse à la cerner en une seule soirée. Elle était plus maligne que cela. Elle ne disait que rarement la vérité, mentant plus facilement, se réfugiant dans la tromperie. « N’aimez-vous pas tout ce mystère? Cela ne gâcherait-il pas l’ambiance si vous parveniez à me déchiffrer? Laissons-nous bercer par l’inconnu, il est beaucoup plus attirant. » Cette soirée lui plaisait de plus en plus, elle découvrait un homme qui lui ressemblait tout en lui étant complètement différent. Un point où divergence et convergence se côtoyaient en s’infiltrant l’un dans l’autre pour ensuite se séparer. Le métèque la provoquait et il y prenait un plaisir. Il lui permettait de sortir de sa zone de confort, même si elle mettait tous ses efforts pour ne pas le laisser paraître. Milady contrôlait et dominait toujours une situation. Tout se déroulait toujours selon ses prévisions, mais cet inconnu qui avait surgi de nulle part semblait destiné à contrecarrer ses habitudes. C’est sans doute pour cette raison que Sibylle lui avait proposé un jeu d’adresse. Par désir de reprendre le contrôle. Son adresse au lancer de couteaux était assez légendaire. Elle avait su se faire une certaine réputation parmi la plèbe. Pour certaines missions, elle avait fréquenté les bas-fonds de certains royaumes, troquant ses riches vêtements pour des habits de villageoise. Jamais elle n’avait perdu un concours. Encore une fois, Masa la provoqua. Cela ne faisait que quelques heures qu’ils se connaissaient et il avait heurté son orgueil plus de fois que toute sa vie durant. Bien sûr, elle avait l’intention de remporter ce concours de façon impressionnante, mais d’un autre côté, elle ne voulait point que cette soirée se termine aussi tôt. Elle se demandait bien qu’elle position adopter. Mieux valait de voir les compétences de son adversaire avant de se fixer. Le nomade tendit la main en sa direction en attente des couteaux. De ses deux mains, elle dégaina les deux lames qui se trouvaient à sa taille, les faisant ensuite tourner dans sa main pour présenter la garde à son adversaire. Ensuite, elle prit celui qui se reposait attaché à sa cuisse et lui remit également. La demi-fée se sentait terriblement nue et vulnérable sans ses lames, mais sans savoir pourquoi, elle savait qu’elle pouvait faire confiance - du moins pour cela – à ce vagabond. Elle ne put s’empêcher de sourire à la tirade de son ami. Ce qu’il était fier, arrogant et orgueilleux! « Je vous répondrai moi-même par une question : à quel point me désirez-vous pour accepter pareil défi? » Milady savait qu’ils ne s’arrêteraient sans doute pas à une ronde, le désir de démystifier l’autre étant particulièrement puissant en cet instant. Elle regarda son adversaire tirer sa première lame. Elle se ficha très loin du centre. Sibylle retint un rire. Elle avait donc affaire à un homme qui parlait plus fort qu’il n’agissait. La deuxième dague se rapprocha du centre. Il lança le troisième couteau sans même regarder et la lame se ficha en plein centre de la cible. Était-ce de la chance? La demi-fée se douta bien que non. Cet homme savait donc manipuler les lames. Masa parla ensuite d’être injuste et vida le contenu de l’amphore. Cela ne la dérangea pas outre mesure puisqu’elle préférait les alcools que fabriquait son père plutôt que ce vin. Elle ne réagit pas à ce qui se voulait être un affront. Puis, il se mit à taper des mains et à tournoyer autour d’elle en tapant du pied gauche. Comme elle adorait la musique et la danse, elle se mit lentement à rouler des épaules tout en ondulant les hanches. Cela lui rappelait certains bals auxquels elle avait assisté. Ses mains exécutèrent quelques mouvements gracieux et pendant un moment, elle oublia les convenances et ferma les yeux de délice. Ce moment de pur bonheur s’arrêta lorsque le nomade alla déloger les lames de la cible pour ensuite faire mine de les lui lancer. Il se ravisa et décida plutôt de les lui tendre, ce qui s’avérait être un choix beaucoup plus judicieux. « Ne vous réjouissez pas trop vite. Si je perds cette manche, c’est un morceau que j’enlèverai et non ma tenue entière. » Elle promena un doigt sur la mâchoire de son adversaire et se positionna devant la cible. La comtesse prit la première dague par la lame et exécuta son premier lancer. Le couteau se logea juste à côté de la première trace de Masa, mais un peu plus vers l’extérieur. La deuxième lame se logea au même endroit que celle de son adversaire alors que la troisième se logea dans le centre, mais un peu trop haut pour gagner. Sibylle se retourna en se mordillant la lèvre. « Il semblerait que vous ayez remporté cette ronde, monsieur. » L’assassin s’approcha d’une caisse de bois qui traînait un peu plus loin. Comme elle avait retiré ses souliers pour l’exercice de la grimpe, elle devait retirer un bas. Elle posa son pied droit sur cette caisse et inséra ses pouces sous son bas couleur chair au milieu de sa cuisse. Prenant son temps, elle glissa ses mains vers le bas jusqu’à ce qu’elle atteigne son pied. Elle retira son bas complètement et se retourna vers son adversaire. « L’enjeu était donc une question ou une action. Je vous écoute. Mais c’est moi qui commencerai cette prochaine ronde. » La vitesse des battements de son cœur augmenta quelque peu. Milady se demandait ce qu’allait choisir Masa : la question ou l’action. Et s’il choisissait l’action, quelle serait-elle? Elle avait mis son orgueil de côté en perdant cette ronde. Elle voulait que son nouvel ami se dévoile par son choix. |
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