Pride, sur son balcon surplombant le terrain de Turquoise, contemplait son oeuvre avec fierté, oui. La plaine qui s'étendait sous lui, habituellement une mer de végétation, était aujourd'hui parsemé de formes carrées et rectangulaires, formées par les quelques milliers de soldats au garde-à-vous. C'était le grand frère du souverain qui était techniquement en charge de cette armée, mais Sloth semblait mettre, ironiquement, un effort incroyable pour ne jamais être présent quand on faisait appel à ses fonctions, si bien que le roi lui-même avait pris en charge le projet. Entre ses responsabilités royales et la création de cette force militaire, le roi n'avait eu que peu de temps pour se consacrer à d'autres entreprise, malgré l'insistance de son entourage pour qu'il se trouve une épouse, mais il récoltait aujourd'hui le fruit de ses efforts.
Il y a six ans, l'armée du palais de Turquoise s'était dispersée aux quatre coins du royaume, pour former des camps d'entraînement et circonscrire les citoyens, entre un et trois membre de chaque famille, selon les besoins du foyer respectif. La conscription était obligatoire, mais non sévère, le roi préférant monter son armée plus lentement, plutôt que de forcer la militarisation au détriment de sa population. Si une famille prouvait qu'un officier avait recruté trop sévèrement, celui-ci s'exposait à une démotion ainsi qu'un châtiment corporel d'une sévérité habituellement réservée à la désertion. Une fois recrutés, les soldats, autant hommes que femmes, allaient au camps militaire le plus près, pour y être instruit à l'art de la guerre.
Selon les forces de chacun, les soldats furent attribués dans l'une des trois corps armés de la guerre moderne:
Les cavaliers, moins nombreux étant donné le coût des chevaux, armés de lances d'arçon, de boucliers ainsi que d'épées pour le corps à corps. Leur mobilité permettrait de dérouter l'adversaire impérial, de lancer des charges et de combler rapidement des failles dans le second corps armé.
Les fantassins, eux formaient le groupe le moins hétérogène, mais le plus nombreux. Certaines unités étaient constituées de lanciers, pour bloquer les charges ennemies au front ou protéger les archers, d'autres d'épées, toujours efficaces sur le champs de bataille, tandis que le reste privilégiait des masses d'armes et des fléaux pour dévaster les ennemis en armure.
Finalement, les archers, à la tâche simple, mais difficile. Étonnamment, les femmes y étaient plus nombreuses que dans le reste de l'armée. On dit qu'il faut une vie pour entraîner une archer, et effectivement, la précision de plusieurs pourraient encore s'améliorer. Mais pour le moment, tout ce que Pride leur demandait, c'était de pouvoir lancer un tir de barrage, toucher une cible de la taille d'un dragon, et se défendre si l'ennemi arrivait jusqu'à eux.
Trois ans plus tard, un autre recrutement, moins important eu lieu. La première conscription était la plus grande, les autres ne servirait qu'à recruter ceux qui avaient entre-temps atteint l'âge du devoir, ou remplacer ceux qui terminait leur service. Après six ans d'entraînement, lespremiers soldats étaient aujourd'hui considérés prêts au front. C'était l'avantage de savoir à l'avance l'arrivée de la guerre: plutôt que d'envoyer des recrues fraîches, Pride pouvait leur inculquer des notions du combat. Le roi leur demandait six autres années de service, après quoi, il pourraient retourner chez eux vivre du métier qu'ils avaient choisi, ou continuer leur carrière militaire. Dans les deux cas, leur famille serait à nouveau sujette au recrutement, autant que possible, jusqu'à ce que chaque citoyen valide devienne ou un soldat de profession, ou un vétéran capable de se défendre lors d'un raid surprise.
C'était notamment pour cette raison que Pride avait commandé une armée mixte; outre le fait de se priver de la moitié des effectifs disponible, il n'avait pas la moindre envie de se faire rapporter la mort, ou pire, de femmes sous son règne, parce qu'elles n'étaient pas capable de se défendre. Évidemment, cela avait soulevé nombre de problèmes logistiques, notamment par rapport à la fondation de famille militaire. Pride n'avait pas eu envie de mettre d'interdiction, mais avait mis en place des mesures pour décourager les grossesses en service. Une citoyenne déjà enceinte ou avec des enfants en bas âge n'était évidemment pas recrutée, mais une femme déjà enrôlée ne pouvait éviter le service en ayant des enfants. Les nouvelles mères n'iraient pas au front, bien sûr, mais continuerait à occuper des tâches au camps d'entraînement et à former des recrues.
L'heure était venue, le roi s'éclaircit la gorge, et s'adressa d'une voix solennelle et forte à la foule.
-Il y a déjà six ans, vous avez été choisis pour prendre les armes contre un infâme envahisseur. Votre vie a changée, pour permettre à notre mode de vie de perdurer à une menace. Les armées de l'Empereur de l'autre côté de l'océan n'a pas encore rejoint nos côtes, mais nous savons ses plans. Vous avez travaillé fort, exercés vos talents et offert votre loyauté pour défendre, pas seulement Turquoise, mais tout Enkidiev! Et quel est le résultat? Quand les troupes impériales oseront enfin pointer leur lances vers nous, ils ne trouveront pas les paysans apeurés et la poignée de chevaliers que leur Empereur leur aura promis. Ils feront face à la PLUS GRANDE ARMÉE DU MONDE!
Pride prit une pause, sachant qu'il ne pourrait se faire entendre par dessus les clameurs de son armée. Bien sûr, ce n'était pas tous qui pouvaient l'entendre distinctement, mais l'enthousiasme de la majorité était amplement contagieux. La seconde partie de son discours était plus importante, mais les dirigeant de la hiérarchie en connaissait déjà le contenu et exécuteraient les ordres, peu importe qu'ils entendent ou non.
-Aujourd'hui commence une nouvelle partie de votre devoir envers le royaume qui vous a vu naître! Dès demain, votre unité sera assignée officiellement, et contribuera à faire régner l'Ordre dans le royaume. Certaines unités de cavaleries seront également envoyés dans les nations voisine leur annoncer la présence d'une armée alliée, vouée à les soutenir contre l'envahisseur impérial. VOUS ÊTES OFFICIELLEMENT L'ARMÉE DE TURQUOISE! AUX ORDRES DU ROI, MAIS AU SERVICE D'ENKIDIEV
Le roi salua et se retira ensuite dans ses quartiers, sous les hourras et ce slogan, répété comme une litanie. Décidément, il pouvait être fier.