He's a Pirate... hm. Corsaire. [Dillawn]

Nikelaï soupira de bonheur. Debout sur le pont, il respirait à grand coup l’air marin. Sa queue, noir comme le jais était dressée vers le ciel dans son dos et ses oreilles pointues parfaitement droites. On pouvait y lire toute la joie qu’il ressentait à ce moment.

Il faut dire que les quelques jours passés à terre dans l’attente de trouver un équipage l’avaient rendu vert. Au sens propre ! C’est qu’il avait le mal de terre lui ! S’il ne ressentait pas un minimum la houle sous ses pieds, il était malade !

C’est pour ça, qu’intégrer l’équipage de Rorkir le mettait autant en liesse. En plus, malgré son jeune âge, il avait eu un poste ! Oui bon, il avait peut-être juste 16 ans, mais ça faisait quand même déjà 13 ans qu’il était sur l’eau. Il avait littéralement été élevé sur des navires. Au départ marchand, puis avec le temps pirate.

C’était la première fois qu’il était engagé en tant que corsaire. Et c’était aussi la première fois qu’il était sur un navire sans son père. L’homme avait rencontré l’amour, un amour assez fort pour lui faire quitter la mer. Ça et la mauvaise blessure à la jambe qui le rendait un peu boiteux.

Enfin bref. Aujourd’hui était un tout nouveau départ pour Nikelaï. Nouveau poste, nouveau navire, nouveau chef… et pour une fois, il était sans papa. C’était l’aube de sa vie adulte. Il sentait les matelots qui s’agitaient derrière lui. Il agita doucement ses ailes noires, sans les ouvrirent, mais juste assez pour sentir le vent passer dans ses plumes.

Le navire filait sur l’eau à grande vitesse et il ne pouvait que se sentir libre. Libre et heureux. Il était fait pour cette vie et aucune autre. Il était fait pour avoir ses cheveux argentés balayés par les grands vents. Pour avoir son visage éclabousser d’eau saline. Pour avoir ses mains rugueuses à force de tirer sur les cordages. Il était, jusqu’au plus profond de son âme, un marin… un pirate… un corsaire !

Cela faisait un petit bout de temps que le navire avait pris la mer après l’arrivée de Dillawn sur le navire. Elle commençait à connaître tout l’équipage presque personnellement, connaissait la plupart des endroits par cœur et arrivait à se repérer facilement. Depuis la rencontre avec Rorkir dans son bureau et la signature des règlements du Silverwood, Dill se permettait de plus en plus de rester sur le pont après l’extinction des lumières afin de boire un bon coup. Elle s’est ainsi trouvé quelques marins avec du potentiel à se mettre sous la dent, mais elle repoussait la plupart des avances. Parfois, elle avait seulement envie de s’enivrer d’alcool et il ne fallait pas la déranger dans ces cas-là. De plus, elle restait capable de faire un tri entre les marins sans éducation et ceux qui en avaient. Et elle préférait la deuxième catégorie, même si ce n’était pour qu’un coup d’un soir. Elle avait quand même des principes, il fallait qu’elle l’avoue. Elle ne permettrait certainement pas à un marin aux dents tous pourris de la culbuter, quoi.

Depuis l’arrivée de Samy et elle, il n’y avait pas vraiment eut de nouveaux, ce qui était assez dommage en soi, car Lawn aurait bien aimé voir de nouveaux visages, comme ils ne s’arrêtaient pas assez souvent ni assez longtemps pour qu’elle fasse de nouvelles «rencontres» sur la côte. Pourtant, un jour, lors de l’un de leurs arrêts, un adolescent monta sur le navire. Dillawn était monté en volant sur le mât et observait ce qui se passait en bas, perchée tout en haut. C’est là qu’elle aperçut les ailes noires du jeune homme. Excitée à l’idée de rencontrer un semblable, ce qui ne lui était jamais encore arrivé, excepté ses deux parents, elle se laissa tomber dans le vide. Avant de s’écraser comme une galette sur le pont, elle laissa ses ailes s’ouvrir et atterrit en douceur près de lui. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle aperçut la queue et les oreilles de chat de l’adolescent.

Dillawn soupira, en s’approchant légèrement «Mais qu’est-ce que tu es… ?» Il était Phéryxian, c’était sûr, avec ces ailes dans son dos, mais alors… Il était croisé avec un Pardusse ? Quel mélange étrange. Elle eut soudain envie de caresser les plumes de ses ailes, ses oreilles de chat et ses cheveux argentés/blancs comme les siens.

Nikelaï, bien que concentrer sur l’horizon et sur les flots qui clapotait sur la coque qui filait à toute vitesse sentit un changement proche de lui. Immédiatement ses oreilles bougèrent vers la source du bruit, un bruissement de plume et le son sourd de pied touchant le pont. Rien d’agressif, mais c’était quand même soudain. Assez pour que sa queue ait un frémissement avant de se balancer une fois ou deux. Les arrivées brusques le rendaient un peu nerveux.

Il se détourna de la balustrade pour voir le nouvel arrivant. La nouvelle arrivante en fait. Une jeune phéryxienne se tenait près de lui. Pas mal du tout à regarder. Elle était plutôt grande et bien formée, ses ailes noires comme la nuit faisaient un superbe contraste avec ses cheveux argentés. Ce qui était vraiment spécial en fait c’était de se dire qu’ils avaient exactement les mêmes caractéristiques… si l’on exceptait les attributs félins qu’il avait en plus.

Se sentant d’humeur joyeuse, en grande partie due au retour sur la mer, il lui fit un grand sourire avenant. Sa question était légitime, mais il préféra s’amuser un brin avant de répondre ! Après tout, il est vrai que le mélange de race le composant n’était pas très habituel… les oiseaux étant les proies naturelles des chats.

« Moi ? Je suis un Nikelaï. C’est vrai que nous ne sommes pas très nombreux… Mais que voulez-vous Mlle, la qualité c’est en modèle unique ! »

Comme pour appuyer son amusement, ou plus simplement parce qu’il était amusé, sa queue s’agita avant de se dresser dans son dos, frémissante en même temps que ses oreilles revenaient bien droites sur le dessus de son crâne.

« Sinon, mes parents avaient le goût de la blague et ont décidé de mélanger Phéryxian et Pardusse. Le résultat est plutôt pas mal non ? »

Il lui fit un clin d’œil charmeur, c’est que la d’moiselle, elle était plutôt agréable à regarder comme ça… et que ça faisait un moment assez long qu’il n’avait pas trouvé une fille à… enfin vous voyez. Sans compter qu’elle était une Phéryxienne ! Il n’avait jamais essayé une fille d’une de ses deux races. Pour autant que sa face une différence, mais c’était par principe ! Il devait au moins une fois dans sa vie essayer une Phéryxienne et une Pardusse !