Gareth, 2e du nom.

Gareth est né dans un petit village perdu au sud de Shola, sur des terres peu généreuses sur les cultures, avec beaucoup trop de bouches à nourrir. L'endroit était vraiment surpeuplé, car les prolétaires comme eux se devaient de se reproduire en masse pour fournir des soldats à l'armée, comme une espèce d’élevage. C'était donc les pauvres qui se retrouvaient avec une vingtaine d'enfants, dont la moitié décédait en couches, faut de quoi les nourrir correctement, et que l'autre moitié était en si faible santé que, la plupart du temps, l'armée levait le nez sur eux, insatisfait de la qualité du «bétail» qu'elle venait chercher. Alors, les mères ne recevaient pas la paye espérée de leurs enfants partis combattre pour la patrie, et les plus petits continuaient de mourir de faim.

C'est ce qui s'est passé pour Gareth. Il avait un frère aîné, Reddington, mais il était trop petit, trop fragile, il n'a pas été recruté, malgré qu'il avait dix ans, car lorsque les soldats l'ont vu, ils trouvaient qu'il avait une tête de cadavre, alors ils l'ont ignoré. Gareth n'avait que 6 ans à cette époque, et il mangeait déjà trop peu, tant qu'il avait du mal à passer la journée au champ sans s'effondrer. Il était le quatrième enfant né de Dayla, mais seulement le deuxième à arriver à passer le stade des langes, les deux autres étant morts aux couches.

Maigrelets, les deux frères continuèrent donc à passer leurs journées aux champs, d'où ils revenaient avec les mains presque vides, juste assez pour tenir jusqu'au lendemain sans mourir dans leur sommeil. Leur mère était faible, aussi, encore enceinte jusqu'aux yeux, ne dormant plus à s'occuper des derniers nés, aidée de la jumelle de Gareth, Aïcha, et leur père était toujours partis, essayant de vendre leurs faibles récoltes, comme s'ils allaient réussir à obtenir assez d'argent pour en avoir plus.

De temps en temps, leur père avait un petit boulot, rejoignait une légion d'armée, mais ce n'était jamais bien longtemps, ni bien payant, et ça ne les sortait pas de la famine, car il revenait si mal en point qu'il avait besoin de soins, qui coûtaient une fortune. Un autre trop faible, qu'il ne récoltait pas les emplois intéressants de soldat de l'armée... On sait d'où tiennent les deux aînés de la famille...

L'année où Gareth eut dix ans, il fut présenté aux soldats, ses parents plein d'espoir qu'il soit prit, mais il n'en fut rien, tout comme Reddington, encore une fois refusé. Pourtant, leur mère s'était privée de manger tous les soirs pour qu'ils puissent être mieux nourris, sans succès. Aïcha ne fut même pas présenté aux soldats, sa mère avait de toute façon beaucoup trop besoin d'elle à la maison pour la laisser partir, si par hasard elle s'était montrée à la hauteur des attentes de l'armée. Plusieurs autres frères et sœurs ne cessaient de naître dans cette maison, alors les plus âgés continuèrent à travailler le champs, se doutant toute fois que plusieurs ne survivraient pas, malgré leurs efforts.

Ce nombre incalculable de bambins morts de faim dans sa maison commençait à peser Gareth, qui se sentait coupable de ne pas travailler assez efficacement pour nourrir sa famille. Il espérait être un fils plus efficace, rendre son père fier, mais tout ce qu'il arrivait à faire, c'était survivre, et donc être une bouche de plus à nourrir. Une bouche en pleine croissance, qui nécessite beaucoup de nutriments pour passer ses journées...

Un jour que deux des plus jeunes étaient enrhumés, Dayla avait demandé à Aïcha d'aller plutôt travailler au champs avec son jumeau, puisque la maison serait plus calme avec deux bambins au lit. Gareth était heureux de pouvoir enfin passer une journée avec sa sœur qu'il aimait à la folie, ils avaient toujours été si proches, sans toutefois pouvoir passer de temps ensemble à cause de leurs devoirs. Il ne cacha donc pas sa joie lorsqu'il lui montra leurs champs et lui apprit comment l'aider à tirer la nourriture de la terre. Il profita de chaque seconde en sa présence, caressait ses mains, humait sa chevelure, l'encourageait de bons mots.

Après quatre heures de dur labeur, les enfants se rendirent au village pour une pause, Gareth voulait présenter sa Aïcha aux autres hommes qui travaillaient aux champs, tout le monde se réunissait normalement à cette heure-là pour discuter un peu et décompresser, avant de retourner s'éreinter au soleil ardent.

En entrant dans la taverne, les voix se turent alors que les yeux se tournaient sur la jeune femme, toute délicate et à la peau plus claire que les autres, car même si des femmes étaient présentes, elles avaient toutes l'épiderme aussi brûlé par le soleil que les hommes. Enthousiaste, Gareth présenta à tous sa belle jumelle, leur expliquant sa présence, et alla s'installer avec des hommes qu'il appréciait bien, emmenant sa sœur avec elle. Après plusieurs minutes de discussion, un des amis de l'enfant, Friedrich, un homme de la quarantaine avec plusieurs enfants de son âge, se pencha sur Gareth et lui remit quelques piécettes dans la paume de sa main. Dans un rapide calcul, il comprit qu'avec cet argent, ils étaient capable de manger toute une semaine sans travailler. Le garçon fronça les sourcils en lui demanda pourquoi il lui offrait ce cadeau inattendu, alors qu'il n'était pas ignoré de quiconque que lui même avait du mal à nourrir sa famille.

-Laisse-moi parler vingt minutes avec Aïcha, là-haut, dit-il en pointant le deuxième étage de la taverne, également une auberge. Et je t'en donne le double.. chuchota-t-il à son oreille, en jetant un œil envieux à la jeune demoiselle.

Du haut de ses treize ans, Gareth ne comprenait pas réellement ce qui voulait Friedrich, il ne pouvait pas vraiment imaginer pourquoi quelqu'un serait prêt à payer une telle fortune pour discuter avec quelqu'un, mais il connaissait ce vieil ami, il ne ferait jamais de mal à qui que ce soit, il voulait surement juste se rendre utile.

Haussant les épaules, nonchalant, l'enfant se pencha sur sa sœur et lui confia qu'ils gagneraient beaucoup d'argent si elle suivait Friedrich pour quelques minutes, puis il lui posa un baiser tendre sur la joue, pour la rassurer.

Vingt minutes, top chrono, Friedrich revint, souriant, et retourna au chantier en saluant de la tête Gareth, sans oublier de lui laisser une poignée de piécettes beaucoup plus grosse que la précédente. Aïcha suivit quelques minutes plus tard, et le garçon l'empressa de le suivre, ils devaient vite retourner travailler. Ce n'est que rendu dehors qu'il l'a trouva bien étrange.

-Qu'est-ce qu'il te voulait au juste Chacha? demanda-t-il en entourant ses épaules d'un bras protecteur et en lui embrassant les cheveux, qui sentaient si bon la jeune fille.

Aïcha le fixa d'un air troublé, et sans un mot, fuya en direction de leur maison. Perplexe, Gareth ne sus s'il devait la suivre ou pas. Qu'avait donc pu lui dire Friedrich pour la mettre dans cet état? Comme le devoir l'appelait, il décida de retourner au champ, il fallait bien nourrir les bambins, et puis il aurait tout le temps d'interroger sa jumelle en soirée.

Fier de lui, Gareth revint avec une fructueuse récolte, en plus de ses poches bien garnies de l'argent de Friedrich. Lorsque sa mère s'étonna de la richesse de sa journée, le jeune garçon haussa les épaules, nonchalant, expliquant que c'était tout grâce à Aïcha.

-Tu devrais la laisser avec moi plus souvent mère! On travaille bien ensemble! s'enthousiasma-t-il avant de se diriger droit vers l'écurie, où s'était réfugiée sa jumelle.

Elle avait accepté de lui parler le soir, à condition que ce soit dans l'intimité. Comme il n'y avait aucun endroit tranquille dans la maison, ce lieu s'était imposé. Lorsqu'il la retrouva dans la pénombre de la nuit, il la découvrit à moitié nue, en train de découvrir son propre corps. Gareth remarqua alors pour la première fois qu'elle ressemblait à une femme, délicieusement bien formée. Il l'avait toujours trouvée jolie, magnifique, mais là, ce soir, elle était tout simplement une Dame.

Cela n'avait certainement pas échappé à Friedrich.

C'est là qu'il comprit, avant même que Aïcha ne lui explique. Gareth se sentit soudain bien coupable d'avoir livré sa sœur à un homme qui pourrait tout aussi bien être son père, sans se douter de rien. Pourtant, elle ne semblait pas lui en vouloir, elle était même intriguée par ce qu'elle avait découvert sur elle, et voulait le montrer à son frère. Surpris, Gareth réalisa que tout son corps, autant que son cœur, désirait plus que tout découvrir les sensations prometteuses du corps de sa jumelle, que chaque cellule de son être le hurlait de désespoir. Son membre bien éveillé ne trahi aucunement ses besoins, et c'est sous les explications de la douce Aïcha qu'il découvrit le plaisir charnelle.

À la fin de la nuit, son seul regret restant était de ne pas avoir été le premier à prendre Aïcha...

Durant les jours suivants, Gareth n'osa pas regarder sa mère, de peur que Aïcha lui ait raconté ce qui s'était passé. Il n'était pas imbécile, il savait que ce genre de choses ne devaient pas se faire entre frère et sœur, mais il ressentait, sans pouvoir l'expliquer en mots, qu'avec une jumelle, ce n'était pas pareil. Il était certain que, leurs âmes liées par la même couche, ils avaient tous les droits de s'aimer comme ils l'entendaient.

Aïcha aussi, se fit discrète, rongeant probablement ses pensées de son côté, elle devait aussi craindre qu'ils aient fait quelque chose de mal. Il fallut presque un mois avant que Gareth n'ait encore la chance de passer une journée avec elle au champ, leur mère était tellement heureuse du butin qu'ils lui avaient ramené la dernière fois, elle ne semblait pas se douter de la manière dont ils s'y étaient pris. Elle devait simplement croire qu'ils avaient beaucoup, beaucoup cueillis... et vendus le fruit de leur cueillette...

Cet avant-midi-là, Gareth eut un mal fou à se concentrer sur le travail qu'il devait faire, ses yeux dérivaient toujours sur sa sœur, admirant sans vergogne sa beauté féminine sous la lumière éclatante du soleil. Elle qui avait l'habitude de rester à l'intérieur, sa peau était beaucoup plus claire, comme les princesses, elle était si parfaite, si noble. Il cherchait à tout moment une raison pour l'effleurer, croiser son regard, lui sourire, ou même l'embrasser sur la joue, plus près des lèves que jamais. Des lèves si délicieuse, qui goûtaient bon le sucré.

À la pause, Gareth ne demanda pas à Aïcha si elle tenait à le suivre, cette fois-ci, mais elle le fit contre toute attente, et les jumeaux se rendirent à la taverne main dans la main.

Et l'histoire se répéta. Cette fois, c'était un homme à qui Gareth n'avait encore jamais parlé qui vint se pencher à son oreille, voulant savoir si la rumeur était vrai concernant les faveurs qu’octroyait sa jumelle pour une poignée de pièce. D'un seul échange de regard, le frère fit comprendre à Aïcha ce qu'il attendait d'elle, et la petite dame suivit l'étranger à l'étage.

Et Gareth fut payé.

L'expérience se renouvela chaque fois que Aïcha accompagnait son jumeau au champ, et de plus en plus, les hommes s'interrogeaient lors de ses absences, lui demandaient quand elle allait revenir, promettant un peu plus de pièce s'il s'arrangeait pour la faire venir le lendemain. Les affaires prirent une ampleur que Gareth n'avait jamais envisagé, même dans ses rêves les plus fous, et sa jumelle ne se plaignait pas, au contraire, elle semblait toujours impatiente de passer une journée avec lui. Elle apprenait, elle aussi.

Un soir, Aïcha l'invita à nouveau à la rejoindre à l'écurie, lui expliquant que, si elle était pour faire ce genre de choses avec des inconnus, elle avait bien le droit de se gâter aussi avec celui qu'elle aime le plus au monde. Ravi, Gareth en vint à découvrir, par son entremise, les différentes techniques et positions que les hommes du village lui avaient apprises. Toujours plus curieux de se délecter des plaisirs que lui faisaient découvrir sa jumelle, il l'encourageait à lui montrer tout, sans gêne, ce qu'elle avait fait avec les autres.

Avec le temps, Gareth avait appris à cacher l'argent de surplus qu'il gagnait grâce à Aïcha, il la dépensait plutôt en nourriture supplémentaire, tout en s'en laissant de côté, pour que leur mère ne se doute de rien. Il ne laissait à sa mère que le nécessaire pour qu'aucun bambin ne meurt jamais de faim à nouveau. De plus en plus souvent, les jumeaux pouvaient partir au champs ensemble, car les plus jeunes bambins étaient assez grands et ne nécessitaient plus l'aide de l'aînée des filles.

Ils avaient dix-sept ans lorsqu'ils quittèrent le nid familiale, avec la promesse d'envoyer le fruit de leur travail à leur mère pour la supporter. Ils lui avaient mentis en lui racontant qu'il allaient travailler pour un champs plus productif, mais la vérité était que dans ce village de pauvres, les prix qu'ils exigeaient désormais pour les services de Aïcha étaient trop élevés. En effet, mademoiselle était désormais un peu difficile sur le choix de ses hommes, qu'elle ne voulait plus moches et malodorants, mais surtout, il n'était plus question d'être sous-payée.

Les jumeaux purent se faire construire un petit logement dans la première ville officielle bâtie à Alombria, avec les économies de leur «commerce». Bientôt, la réputation de Aïcha se fit entendre, et des clients beaucoup plus distingués que les premiers vinrent profiter de la belle dame. Enfin, ils pouvaient vivre de leurs richesses, car non seulement ils payaient leur dû à leur mère, mais ils n'avaient pas à cacher leurs actifs. Les vêtements luxueux et les bijoux ne tardèrent pas à embellir, si cela était possible, encore plus Aïcha. Gareth, lui, se donnait des airs d'homme d'affaire influent.

Pour occuper ses journées, en plus de chercher des clients à Aïcha, Gareth avait acheté, ironiquement, un champ entier, dont il bénéficiait des profits tout en payant raisonnablement ses cultivateurs. Cette activité lui servait plus de passe-temps que de réelle entrée d'argent, car c'était sa belle jumelle qui lui apportait le vrai profit. Le seul objectif réel était de camoufler l'origine de son gain réel si leur mère venait les visiter, bien qu'elle vivait toujours à Shola...

Ils vécurent de ce luxe pendant près de quatre ans, au cours desquels Gareth s'enrichit jusqu'à s'acheter une grande maison de rêve, et même un carrosse pour porter sa dame à ses «rendez-vous d'affaires». Comme c'était un tout nouveau Royaume, les biens luxueux étaient abordables, question de démarrer l'économie. Il n'avait jamais cessé de profiter du corps de déesse de sa jumelle, qui le faisait chaque fois monter au septième ciel lorsqu'elle lui montrait un nouveau truc.

À vingt-et-un ans, ils firent construire un hôtel sur mesure, où ils installèrent plusieurs chambres à coucher de luxe. Un bordel pour riches, assez près du Château pour attirer les grosses bourses. Gareth travaillait dans l'ombre, utilisant le champ comme couverture pour aller quérir d'autres clients, parmi les plus élevés de la hiérarchie aristocratique. Il avait embauché d'autres jeunes filles, presque aussi jolies qu'Aïcha, et c'était officiellement elle la patronne du bordel, pour ne pas faire connaître son lien fraternel avec le puissant marchand qu'était devenu l'homme d'affaire accompli.

Âgé de maintenant vingt-sept ans, Gareth était devenu un marchand assez important pour avoir le droit, bien que de loin, d'assister au couronnement de la nouvelle Reine. Ce n'est pas la cérémonie qui le charma, mais l'attirance irrésistible qu'il éprouvait, incessamment et sans pouvoir comprendre pourquoi, envers la nouvelle dirigeante d'Alombria.

Un instant, il crut à la magie, à un stratagème grâce à un pouvoir que devait posséder Marian Hope. Mais ce n'était pas (uniquement) un désir sexuel qu'il éprouvait, et la lumière qui entourait la Reine n'était pas de la magie, ça ne pouvait qu'être l'aura des âmes-sœurs. Cette magie ancienne était si puissante qu'elle faisait vibrait chacune de ses cellules avec puissance. Auparavant, il n'y croyait pas, aux âmes-sœurs, prenant cela pour des histoires pour émerveiller les enfants...

Auparavant, s'il avait pu imaginé que les âmes sœurs existaient, il aurait cru que la sienne était Aïcha. Qui d'autre que sa jumelle pouvait lui être liée éternellement?

Auparavant, il n'avait de yeux que pour elle, et ne regardaient pas les autres femmes. Mais cette Marian le passionnait, il voulait tant se rapprocher, la connaître, la toucher. Il voulait passer ses journées à la regarder, à lui parler. Cela devait se faire, inévitablement, il le sentait au fond de ses entrailles. Bien qu'honteux de penser à une autre femme que sa jumelle, il jalousait la chance des hommes qui entouraient la Reine pour la protéger et la conseiller.

L'un d'eux, justement, attira suffisamment son œil expérimenté pour détacher son regard de la beauté de Marian. Il avait développé un pouvoir magique, au fil des années, de reconnaître les arnaqueurs, c'était nécessaire pour l'entreprise. Il ressentait les dangers pour lui ou sa soeur, normalement, mais là, il ressentait le danger pour sa Reine! Il semblait toujours savoir qui allaient avoir de mauvaises intentions, et tombait souvent effectivement sur des fous violents, ou des marchands d'esclaves...

Cet homme lui donnait la même impression de perversion, il ne pouvait simplement pas le regarder sans avoir un mauvais pressentiment pour la Reine d'Alombria, mais il savait bien que s'il accourait pour dire à Marian qu'elle courrait un grave danger avec l'un des conseillers de son défunt père Virtuas, elle ne l'écouterait pas. Alors, il envoya Aïcha dans ses bras.

Le lendemain, il avait sa réponse, et sa preuve. Pouvant démontrer hors de tout doutes que son conseiller était un escroc planifiant de la détrôner grâce aux aveux que lui avait arraché Aïcha, Gareth fut remercié en se faisant octroyer un rôle d'espion royal pour le service de Marian Hope d'Alombria, en plus d'officialiser son titre de noblesse, à lui et toute sa famille.

C'est là que ça vie commença réellement.

La vraie chasse à l'homme commença. Il avait passé son adolescence et la majeur partie de sa vie de jeune adulte à chercher des hommes potentiels à qui vendre sa jumelle. Maintenant, il chassait du plus gros gibier, les diplomates, les menteurs, les vrais arnaqueurs de talent. Ceux qui salissaient les alentours de son employeuse, nulle autre que la divine Reine d'Alombria.

Chaque fois qu'il doutait de l'honnêteté d'un proche de Marian, il faisait mouche, la plupart du temps en lui tirant les vers du nez grâce à Aïcha. Une fois, il eut à faire avec un imbéciles aux désirs déviants, sur qui les charmes de sa jumelle n'eut aucun effet, étant donné son intérêt plus poussé pour les chèvres et autres brebis du genre. Découragé, Gareth se résolu à engager un mercenaire pour le torturer, mais sa cible lui échappa et bientôt, il retrouva l'espion, qui failli être dévisagé d'un coup d’épée, bien placé. L'ancien paysan n'avait jamais pu apprendre à se battre, il était un homme d'affaire, pas un épéiste, et il passa près d'y laisser la vie, ce jour-là. Heureusement, son sixième sens lui sauva sa tête, malgré une marque qu'il conserverait à jamais, mais il n'était pas encore tiré d'affaire : il n'avait pas d'arme! C'est alors qu'un homme de confiance de la Reine le trouva dans cette fâcheuse position et élimina son adversaire.

Il avait non seulement une preuve de plus qu'il flairait les traîtres, mais aussi un nouvel allié inattendu.

Les semaines passèrent, au cours desquels Gareth livra plus d'un traître à Marian sur un plateau d'argent. Bientôt, il en vint même à avoir le droit de lui donner son opinion sur les choix des gens de son entourage. De façon officieuse et en secret, elle le nomma Conseiller Royal, mais ce n'était que formalité, il le faisait déjà ...

De son côté, Aïcha gérait maintenant toute seule le Bordel d'une main de fer, sélectionnant avec précaution ses propres clients, puisqu'elle avait plein pouvoir. Gareth allait toujours la voir, mais personne ne connaissait leur lien fraternel, il n'était vu que comme un «client» de la belle tenancière...

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